La Baie de Tanger et celle de Hann ont quelque chose en commun. Elles s’étirent sur plusieurs kilomètres et attiraient des milliers de touristes. Elles ont toutes perdu leur lustre d’antan à cause de l’accroissement de la population et de la pollution industrielle. Mais, la nouvelle station de la ville de Tanger située à quelques jets de pierre du port de la ville historique ne dégage pas d’odeur et ne connaît pas reflux d’ordures.
(TANGER) - La ville de Tanger porte les vestiges historiques au bout de l’avenue Mohamed VI. L’imposant édifice colonial en réhabilitation surplombe, de l’autre côté, la rocade avec une terrasse gazonnée. Elle est ronde. Sur les murs latéraux, des baies vitrées brouillent davantage un visiteur non averti. Pourtant, nous sommes bien dans une station de prétraitement. Celle-ci est enfouie. « Est-ce que nous sommes ici sur le site de la station ? » demande Mbacké Seck, la sentinelle de la défense de la Baie de Hann, après la présentation de Mohamed Ahbouch, responsable de l’exploitation assainissement de Veolia Environnement. Il n’a pas tort. Et pour cause : la nouvelle station de la ville de Tanger située à quelques jets de pierre du port de la ville historique ne dégage pas d’odeur et il n’y a pas reflux d’ordures sur la plage. Les représentants des riverains du tracé du Projet de dépollution de la baie de Hann ont donc quitté la station de Tanger avec de nouvelles positions suite aux explications qu’on leur a fournies sur place.
« Nous avons exigé que la station s’intègre parfaitement dans le paysage architectural de la ville, vous voyez ce bâtiment historique construit par les portugais, c’est l’ancienne ville de Tanger. Cet aspect a été pris en compte dans la conception de l’ouvrage », se réjouit Dr Lotfi Chraibi, président de l’Association marocaine pour un environnement durable. Le projet de dépollution a réussi à emporter l’assentiment de plus de 40 associations qui étaient toutes opposées à la construction de la station sur le site de l’ancienne ville de Tanger, non loin du port, l’une des mamelles de l’économie de la ville touristique.
Des éclairages
Comment les concepteurs et les ingénieurs sont-ils parvenus à concilier des intérêts aussi divergents que contradictoires ? Il n’y a pas de secret. Une politique de sensibilisation a été déroulée et adossée à des arguments techniques. « Nous avons des extracteurs de l’air vicié qui parviennent à réduire au minimum les odeurs avec plusieurs procédures. Mais pour cette question, je recommande de miser sur plusieurs solutions », suggère le responsable de l’exploitation. Le silence est pesant. Chaque réponse soulève une question. « Est-ce que depuis la construction de la station avec cet émissaire de 2,2 km, il n’y a pas le retour de la pollution à la plage ?» cherche à savoir Ousseynou Fall, un riverain de Thiaroye-sur-Mer. Le dispositif de prétraitement et l’émissaire n’ont pas, à ce jour, mis à nu les limites des études d’impact environnemental.
Sur la terrasse de la station, on peut bien observer l’eau bleue de la baie et du futur port de plaisance en construction. Mais l’observation, à long terme, est l’une des meilleures preuves en science. « Nous n’avons pas constaté jusqu’ici le retour des ordures sur la plage. Nous avons prévu de faire un émissaire de 3 km, mais les études d’impact ont permis de le faire à 2,2 km. Cet émissaire est adapté pour le cas de Tanger. La longueur de l’émissaire dépend de la courantologie », précise le technicien.
Très décontracté, il semble mettre à l’aise les représentants de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas) comme Ousmane Camara, El Hadj Diallo, Papa Samba Diop, Ndèye Maria Guèye, M. Soumaré et les préfets de Dakar Alyoune Badara Diop et de Pikine Alioune Aidara Niang. Ils veulent que les choses se clarifient.
Les angoisses se dissipent peu à peu
Au fil des réponses, les angoisses commencent à se dissiper. « Cette visite de benchmarking était salutaire et nécessaire. Aujourd’hui, nous avons vu qu’il est possible de construire en pleine ville une station d’épuration et qui ne porte pas un préjudice, ni au cadre de vie, ni à la santé de la population. Les habitants de Mbao avaient focalisé leur attention sur les inconvénients ; je pense qu’il est grand temps que nous parlions des avantages de ce projet. Parce qu’en fin de compte, il y a des solutions aussi bien pour la réduction des émissions d’odeurs que pour la qualité des eaux traitées par la station et par la mer », confesse le président du Collectif des habitants de la commune de Mbao, Youssou Seck. Ce riverain regarde déjà vers l’avenir. Pour lui, l’Onas gagnerait à maintenir l’élan de la communication de proximité et de masse. « Nous demandons à l’Onas d’impliquer les jeunes de Mbao dans la réalisation, l’entretien et le suivi des ouvrages », propose Youssou Seck. Les vagues d’éclairage déferlent sur la baie de Tanger. C’est fort possible qu’elles atteignent les rivages lointains de Hann, Thiaroye et Mbao. « Nous ne devons plus attendre. Ce que nous avons vu est rassurant. Nous devons passer à la phase de mise en œuvre. Le projet de la dépollution de la baie de Tanger qui était dans une situation identique à celle de Hann sert d’exemple. Tous les représentants des populations doivent porter la bonne information à partir de ce que nous avons vu et entendu », prêche Ousseynou Fall.
La pertinence et la faisabilité du projet de la dépollution n’est plus à démontrer. Mais pour certains il faut tenir compte d’autres paramètres. C’est ce que pense Amary Seck, un des membres du Collectif de la défense des intérêts de Petit Mbao. « Nous ne sommes pas contre le projet de la dépollution de la baie. Par contre, le site de la station qui sera construite à Mbao est proche des habitations. En plus de cela, il y a l’avancée de la mer qui peut impacter sur l’ouvrage », avance Amary Seck.
Il reconnaît que le projet peut contribuer à donner un nouvel essor à l’agriculture urbaine par la réutilisation des eaux usées traitées. Les lignes commencent à bouger au grand bonheur des riverains et aussi pour d’autres villes de l’intérieur. Puisque les partenaires attendent la réalisation de ce projet pour injecter d’autres financements conséquents pour la réalisation d’ouvrages d’assainissement à l’intérieur du Sénégal.
De notre envoyé spécial au Maroc, Idrissa SANE
Le Soleil
(TANGER) - La ville de Tanger porte les vestiges historiques au bout de l’avenue Mohamed VI. L’imposant édifice colonial en réhabilitation surplombe, de l’autre côté, la rocade avec une terrasse gazonnée. Elle est ronde. Sur les murs latéraux, des baies vitrées brouillent davantage un visiteur non averti. Pourtant, nous sommes bien dans une station de prétraitement. Celle-ci est enfouie. « Est-ce que nous sommes ici sur le site de la station ? » demande Mbacké Seck, la sentinelle de la défense de la Baie de Hann, après la présentation de Mohamed Ahbouch, responsable de l’exploitation assainissement de Veolia Environnement. Il n’a pas tort. Et pour cause : la nouvelle station de la ville de Tanger située à quelques jets de pierre du port de la ville historique ne dégage pas d’odeur et il n’y a pas reflux d’ordures sur la plage. Les représentants des riverains du tracé du Projet de dépollution de la baie de Hann ont donc quitté la station de Tanger avec de nouvelles positions suite aux explications qu’on leur a fournies sur place.
« Nous avons exigé que la station s’intègre parfaitement dans le paysage architectural de la ville, vous voyez ce bâtiment historique construit par les portugais, c’est l’ancienne ville de Tanger. Cet aspect a été pris en compte dans la conception de l’ouvrage », se réjouit Dr Lotfi Chraibi, président de l’Association marocaine pour un environnement durable. Le projet de dépollution a réussi à emporter l’assentiment de plus de 40 associations qui étaient toutes opposées à la construction de la station sur le site de l’ancienne ville de Tanger, non loin du port, l’une des mamelles de l’économie de la ville touristique.
Des éclairages
Comment les concepteurs et les ingénieurs sont-ils parvenus à concilier des intérêts aussi divergents que contradictoires ? Il n’y a pas de secret. Une politique de sensibilisation a été déroulée et adossée à des arguments techniques. « Nous avons des extracteurs de l’air vicié qui parviennent à réduire au minimum les odeurs avec plusieurs procédures. Mais pour cette question, je recommande de miser sur plusieurs solutions », suggère le responsable de l’exploitation. Le silence est pesant. Chaque réponse soulève une question. « Est-ce que depuis la construction de la station avec cet émissaire de 2,2 km, il n’y a pas le retour de la pollution à la plage ?» cherche à savoir Ousseynou Fall, un riverain de Thiaroye-sur-Mer. Le dispositif de prétraitement et l’émissaire n’ont pas, à ce jour, mis à nu les limites des études d’impact environnemental.
Sur la terrasse de la station, on peut bien observer l’eau bleue de la baie et du futur port de plaisance en construction. Mais l’observation, à long terme, est l’une des meilleures preuves en science. « Nous n’avons pas constaté jusqu’ici le retour des ordures sur la plage. Nous avons prévu de faire un émissaire de 3 km, mais les études d’impact ont permis de le faire à 2,2 km. Cet émissaire est adapté pour le cas de Tanger. La longueur de l’émissaire dépend de la courantologie », précise le technicien.
Très décontracté, il semble mettre à l’aise les représentants de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas) comme Ousmane Camara, El Hadj Diallo, Papa Samba Diop, Ndèye Maria Guèye, M. Soumaré et les préfets de Dakar Alyoune Badara Diop et de Pikine Alioune Aidara Niang. Ils veulent que les choses se clarifient.
Les angoisses se dissipent peu à peu
Au fil des réponses, les angoisses commencent à se dissiper. « Cette visite de benchmarking était salutaire et nécessaire. Aujourd’hui, nous avons vu qu’il est possible de construire en pleine ville une station d’épuration et qui ne porte pas un préjudice, ni au cadre de vie, ni à la santé de la population. Les habitants de Mbao avaient focalisé leur attention sur les inconvénients ; je pense qu’il est grand temps que nous parlions des avantages de ce projet. Parce qu’en fin de compte, il y a des solutions aussi bien pour la réduction des émissions d’odeurs que pour la qualité des eaux traitées par la station et par la mer », confesse le président du Collectif des habitants de la commune de Mbao, Youssou Seck. Ce riverain regarde déjà vers l’avenir. Pour lui, l’Onas gagnerait à maintenir l’élan de la communication de proximité et de masse. « Nous demandons à l’Onas d’impliquer les jeunes de Mbao dans la réalisation, l’entretien et le suivi des ouvrages », propose Youssou Seck. Les vagues d’éclairage déferlent sur la baie de Tanger. C’est fort possible qu’elles atteignent les rivages lointains de Hann, Thiaroye et Mbao. « Nous ne devons plus attendre. Ce que nous avons vu est rassurant. Nous devons passer à la phase de mise en œuvre. Le projet de la dépollution de la baie de Tanger qui était dans une situation identique à celle de Hann sert d’exemple. Tous les représentants des populations doivent porter la bonne information à partir de ce que nous avons vu et entendu », prêche Ousseynou Fall.
La pertinence et la faisabilité du projet de la dépollution n’est plus à démontrer. Mais pour certains il faut tenir compte d’autres paramètres. C’est ce que pense Amary Seck, un des membres du Collectif de la défense des intérêts de Petit Mbao. « Nous ne sommes pas contre le projet de la dépollution de la baie. Par contre, le site de la station qui sera construite à Mbao est proche des habitations. En plus de cela, il y a l’avancée de la mer qui peut impacter sur l’ouvrage », avance Amary Seck.
Il reconnaît que le projet peut contribuer à donner un nouvel essor à l’agriculture urbaine par la réutilisation des eaux usées traitées. Les lignes commencent à bouger au grand bonheur des riverains et aussi pour d’autres villes de l’intérieur. Puisque les partenaires attendent la réalisation de ce projet pour injecter d’autres financements conséquents pour la réalisation d’ouvrages d’assainissement à l’intérieur du Sénégal.
De notre envoyé spécial au Maroc, Idrissa SANE
Le Soleil