Kaffrine FABACRY BODIAN, GOUVERNEUR DE LA RÉGION : « L’esprit d’initiative peut suppléer au manque de moyens »



Tout premier gouverneur depuis le 1er septembre 2008 de la nouvelle région de Kaffrine, Fabacry Bodian semble animé par un enthousiasme que ne parvient pas à tempérer l’insuffisance des moyens dont il dispose. Ancien préfet des départements de Kaolack et de Nioro, il nous présente dans cet entretien avec notre reporter sa nouvelle région, la vision qu’il a de son rôle et les opportunités qu’offre la régionalisation.

M. le gouverneur, depuis cinq mois, vous êtes à la tête de l’Exécutif de la nouvelle région de Kaffrine. Comment avez-vous été accueilli par les populations ?

Effectivement, j’ai été installé le 1er septembre 2008. Dans l’ensemble, la population a bien accueilli la régionalisation et le jour de mon installation, les populations l’ont exprimé. Elles sont venues nombreuses de tout le département. Il y avait des chefs religieux, coutumiers. Ce fut une grande cérémonie présidée par le ministre de l’Intérieur.

Lorsque je venais d’arriver, je n’étais pas dans ce bâtiment où vous m’avez trouvé mais dans un quartier périphérique. Ce n’était pas facile car il n’y avait pas beaucoup de commodités. C’est ainsi que j’ai travaillé jusqu’en décembre dernier puis j’ai emménagé dans ce bâtiment. C’est le ministre de l’Intérieur lui-même qui est venu visiter le bâtiment lors de la cérémonie de mon installation et qui y a jeté son dévolu.

Quelle est la configuration géographique de cette nouvelle région ?

La région a une superficie de 11.000 km2, soit presque les 2/3 de l’ancienne région de Kaolack avec une population d’environ 600.000 habitants. C’est l’une des cinq plus grandes régions du pays. Elle compte quatre départements (Kaffrine, Birkelane, Koungheul et Malem Hoddar) et neuf arrondissements.

Quels sont les atouts de la région de Kaffrine ?

La principale activité de la région c’est l’agriculture. C’est la zone arachidière par excellence et elle produisait près des 2/3 de la production du Saloum. On peut citer également le maïs, le sorgho, l’élevage et la foresterie.

Et quel impact a eu la Goana sur la production agricole ?

La Goana a eu un impact très important car il y a beaucoup de producteurs qui se sont investis plus qu’auparavant. Nous n’avons pas une estimation, mais on peut appréhender cela de visu.

Mais M. le gouverneur, pensez-vous que la nouvelle région a plus d’atouts que lorsqu’elle faisait partie de la région de Kaolack ?

Naturellement, elle a plus d’atouts parce qu’elle a une grande superficie qui a besoin d’être administrée de façon plus rapprochée. De Kaolack à Koungheul, cela fait 150 km. De plus, les deux régions (Kaolack et Kaffrine) sont sociologiquement et historiquement différentes. Je crois que le président de la République n’a pas fait d’erreur en érigeant Kaffrine en région car on dit que c’est une zone qui depuis longtemps aspirait à plus d’autonomie.

En tant que nouvelle région, on constate que beaucoup de choses restent faire, notamment au plan des infrastructures ?

Oui cela reste à faire, mais la route est en train d’être construite et grâce à l’administration rapprochée, les infrastructures vont suivre car il y aura plus de corrections à faire. Et cela va permettre aux ressortissants qui sont à l’extérieur d’investir dans la région, alors qu’auparavant ils préféraient le faire à Kaolack. A mon avis, Kaolack aussi gagne dans cette régionalisation car ça lui permet d’avoir un arrière-pays qui se développe et cela va constituer un marché pour elle. Par ailleurs, cela va alléger administrativement Kaolack, lui permettant de mieux s’occuper de son environnement immédiat. J’ai noté cependant, malgré la séparation en deux régions distinctes, que l’esprit saloum-saloum est resté le même de part et d’autre et les liens de parenté restent et resteront toujours.

M. le gouverneur, en tant que représentant de l’Etat, les élus locaux se plaignent souvent de l’insuffisance des ressources liées aux compétences transférées. Que leur répondez-vous ?

Bon vous savez, je pense que c’est une question d’homme. Si on arrive à gérer le peu qu’on a, la régionalisation a encore de beaux jours devant elle. Quels que soient les moyens dont on dispose, je trouve que cette régionalisation vaut mieux qu’une concentration des moyens au niveau de Dakar. C’est une bonne chose pour le pays et il faut continuer tant que c’est possible. Dakar ne représente que 0,2% du territoire nationale et tout y est concentré. La Décentralisation a favorisé la construction des écoles et le Conseil régional est beaucoup plus proche des populations locales que le ministère de l’Education nationale.

Pensez-vous que les élus locaux sont maintenant prêts pour un élargissement des neufs domaines de compétences transférées par la réforme de mars 1996 ?

Il faut d’abord consolider les acquis et continuer à instruire les gens et à les former. Je pense que le niveau d’instruction dans le pays ne permet pas encore cet élargissement des compétences transférées aux élus locaux, dont une bonne partie est toujours analphabète.

M. le gouvernement, pensez-vous que le contrôle a postériori que vous exercez sur les actes pris par les collectivités locales constitue une entrave au principe de la libre administration de ces dernières ?

Non. C’est bien car il faut que les gens aient le courage de l’exercer sans avoir peur du qu’en dira-t-on. Cela constitue même un équilibre dans l’administration des populations.

Le Soleil

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Association des régions du Sénégal


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