Après douze ans d’existence active dans la lutte contre le sida, le Centre de traitement ambulatoire (CTA) de Fann a ouvert la semaine dernière ses portes pour se faire connaître du grand public. Les activités de cette première édition ont été introduites par un face à face avec la presse. Il s’agissait de présenter le bilan après plus d’une décennie d’activités et d’annoncer les innovations majeures visant à renforcer la capacité d’intervention de cette structure sanitaire stratégique pour une meilleure prise en charge des malades du sida.
Mme Ndeye Fatou Ngom, Coordonnatrice du Centre (CTA), présentant la structure a mis surtout l’accent sur le faible niveau de vie sociale de la plupart des personnes vivant avec le Vih/sida. Selon elle, sur les 3540 malades, soit 85% des cas répertoriés et qui y sont suivis à l’heure actuelle, les 2832 vivent dans la pauvreté la plus extrême. Une situation de détresse portée à la connaissance des principaux partenaires du centre par Mme NGom qui les invite à accroître leur contribution en vue d’améliorer la qualité de vie des malades. Elle a estimé nécessaire d’aider les malades à poursuivre leur formation scolaire, universitaire, professionnelle et/ ou de bénéficier des financements pour des petits projets générateurs de revenus.
Mais pour Amadou M. Dia, le nouveau président des Personnes vivant avec le vih/Sida (PVVIH), qui a été interpellé en marge de la rencontre, lui a plaidé surtout en faveur d’un traitement urgent de ce dossier de la pauvreté des malades. Car, a-t-il dit, « la plupart des malades dans ce pays meurent à cause de la pauvreté. Les malades sont non seulement rendus vulnérables à cause du vih, mais leur situation sociale précaire fait qu’ils ne mangent pas souvent à leur faim. C’est d’ailleurs ce qui démontre le taux inquiétant de perdues de vue et de décès ».
C’est pourquoi il pense qu’il urge de doter chaque région d’un centre de traitement ambulatoire pour diminuer l’ampleur et mieux prendre en charge cliniquement et nutritionnelle les malades».
Lors de cette rencontre avec la presse le Secrétaire général du Comité national de lutte contre le sida (Cnls), le directeur de la Division Sida au ministère de la santé, la Coordonnatrice de l’Alliance nationale de lutte contre le Sida au Sénégal (ANCS), les partenaires au développement ont tour à tour exprimé leur volonté de partager le challenge du CTA. En témoigne la déclaration du Dr Wade de la Division Sida qui a soutenu que ce centre est un modèle de prise en charge avec son paquet de services d’intervention qui a permis aux malades au moins de survivre.
UN OUTIL VITAL POUR JUGULER LE FLEAU
Composé de plusieurs services, d’espaces cultivables, d’arbres fruitiers et d’un bâtiment à étage peint en vert et blanc, le CTA n’est pas du tout visible pour un étranger au service qui débarque pour la première fois dans cet hôpital qui ne fonctionne que le jour. Pourtant dans ce centre, une équipe sanitaire et du personnel administratif y travaillent sans répit et en parfaite collaboration pour assurer le suivi des malades.
Crée en 1998, le centre de traitement ambulatoire est le fruit d’une volonté pluri partenariale alliant le ministère de la Santé, l’Organisation Panafricaine de lutte contre le Sida (Opals), la Croix Rouge Française (CRF) et le Rotary Club. Il reçoit également des financements de plus d’une trentaine de partenaires et joue un rôle majeur dans la prévention contre le vih sida, le dépistage, les soins et assistance des malades. Il offre sur un même site une prise en charge ambulatoire globale et complète associant les volets médicaux, psychosociaux, nutritionnels et économiques aux personnes vivant avec le vih (PVVIH). Il et également un observatoire national de l’évolution de la pandémie grâce au recueil des données centralisées par son département de recherches et d’analyses ainsi que la ligne d’écoute.
Parmi les objectifs visés par le centre figurent entre autres l’accompagnement de la décentralisation de la prise en charge de l’infection à Vih à travers les régions pour optimiser l’action de proximité et l’amélioration de la qualité de vie des malades en tenant compte de la dimension physique, psychologique et socio économique du patient. Le CTA qui est identifié par le corps médical comme une structure de référence sur le Vih assure en outre la formation et l’expertise des interventions et prises en charge. Il assure à ce titre la formation théorique et pratique des professionnels de santé et l’accompagnement de PVVIH. Ses activités s’étendent également au niveau de cinq régions : Ziguinchor, Kolda, Louga, Kaolack et Thiès. Toutes ces compétences lui permettent de se déployer par un rayonnement international en assurant des formations aux structures en phase de démarrage, répondre à des demandes d’appui dans les pays d’Afrique subsaharienne comme le Mali, la Guinée Bissau, la Mauritanie, la Guinée, le Cameroun, le Gabon et le Burundi. Sans compter les sorties dans les pays du monde : France, Belgique, Japon, etc.
CES INDICATEURS QUI PARLENT
Les chiffres rendus publics par le CTA après 12 ans d’existence ont fait état d’un bilan de 67 708 patients consultés. Parmi eux les 3740 sont suivis et pris en charge alors que 1877 sont mis sous traitement anti rétroviraux. Les statistiques ont montré également que 6,3 % des malades sont perdus de vue tandis que le taux de décès s’élève à 3 %. En ce qui concerne les préservatifs, au total 189 659 du genre masculin et 8701 du genre féminin, ont été distribués. Les sessions d’éducation nutritionnelle ont permis de former 8 404 malades dont une majorité de femmes subventionnés ensuite pour mener des activités génératrices de revenus. S’agissant du dépistage, entre 1998 à décembre 2010, c’est un total de 29 673 personnes consultées dont les 6524 cas se sont révélés positifs. Dans ce même décompte pour le titre de l’année 2010, 5367 personnes ont ainsi été dépistées dont 2951 hommes et 2416 femmes pour un total de 555 cas séropositifs décelés. Le volet communication n’est pas en reste. Le CTA info Sida accessible tous les jours de 8 heures à 20 heures au numéro 800 00 30 30 qui a enregistré 25 076 appels suivis de 12 186 entretiens pour une moyenne de 2090 sollicitations téléphoniques par mois. Le financement reçu des bailleurs de fonds et de l’Etat, a montré que le budget du fonctionnement de la structure est estimé à 35 % contre les 65 % qui sont consacrés à la prise en charge des coûts directs.
SIDA ET PREVALENCE DES GROUPES
Homosexuels et prostituées totalisent plus de 40 %
Si aujourd’hui l’Afrique Subsaharienne est considérée comme la zone la plus touchée par le VIH sida avec près de 67 % des 22, 5 millions de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) dans le monde, il reste constant que les vecteurs de transmission ne différent pas depuis l’apparition de la maladie. La transmission sexuelle (intervenant au cours de rapports homosexuels ou hétérosexuels), la transmission sanguine via la transfusion sanguine (sang ou emploi d’instruments contaminés) ou par des aiguilles et seringues contaminées (toxicomanies, TME (Transmission Mère Enfant) au cours de la grossesse, pendant l’accouchement ou au cours de l’allaitement.
Les enquêtes ont démontré que dans cette partie du continent, 90 % des cas de personnes malades ont été contaminées par voie sexuelle. Au Sénégal, même si le taux de prévalence au niveau national est toujours de 0,7%, le groupe le plus infecté est constitué par les homosexuels qui représentent 21, 8 % des cas de séropositifs. Ils sont talonnés de prés par les prostituées désignées avec pudeur par « les travailleuses du sexe » et qui se taillent qui représentent 20% des malades. Ce qui met bien en évidence les groupes dits marginaux qui sont également de grands porteurs de facteurs à risque de retransmission avec un total de 41, 6 % des personnes touchées. Autrement dit, sur 12 000 000 d’habitants environ 84 000 personnes sont touchées par la pandémie au Sénégal et les 42 000 sont constituées par les homosexuels et les prostituées. D’où la nécessité de mettre un focus en direction de ces cibles pour mieux contrecarrer la propagation du VIH.
Cheikh Tidiane MBENGUE
Sud Quotidien
Mme Ndeye Fatou Ngom, Coordonnatrice du Centre (CTA), présentant la structure a mis surtout l’accent sur le faible niveau de vie sociale de la plupart des personnes vivant avec le Vih/sida. Selon elle, sur les 3540 malades, soit 85% des cas répertoriés et qui y sont suivis à l’heure actuelle, les 2832 vivent dans la pauvreté la plus extrême. Une situation de détresse portée à la connaissance des principaux partenaires du centre par Mme NGom qui les invite à accroître leur contribution en vue d’améliorer la qualité de vie des malades. Elle a estimé nécessaire d’aider les malades à poursuivre leur formation scolaire, universitaire, professionnelle et/ ou de bénéficier des financements pour des petits projets générateurs de revenus.
Mais pour Amadou M. Dia, le nouveau président des Personnes vivant avec le vih/Sida (PVVIH), qui a été interpellé en marge de la rencontre, lui a plaidé surtout en faveur d’un traitement urgent de ce dossier de la pauvreté des malades. Car, a-t-il dit, « la plupart des malades dans ce pays meurent à cause de la pauvreté. Les malades sont non seulement rendus vulnérables à cause du vih, mais leur situation sociale précaire fait qu’ils ne mangent pas souvent à leur faim. C’est d’ailleurs ce qui démontre le taux inquiétant de perdues de vue et de décès ».
C’est pourquoi il pense qu’il urge de doter chaque région d’un centre de traitement ambulatoire pour diminuer l’ampleur et mieux prendre en charge cliniquement et nutritionnelle les malades».
Lors de cette rencontre avec la presse le Secrétaire général du Comité national de lutte contre le sida (Cnls), le directeur de la Division Sida au ministère de la santé, la Coordonnatrice de l’Alliance nationale de lutte contre le Sida au Sénégal (ANCS), les partenaires au développement ont tour à tour exprimé leur volonté de partager le challenge du CTA. En témoigne la déclaration du Dr Wade de la Division Sida qui a soutenu que ce centre est un modèle de prise en charge avec son paquet de services d’intervention qui a permis aux malades au moins de survivre.
UN OUTIL VITAL POUR JUGULER LE FLEAU
Composé de plusieurs services, d’espaces cultivables, d’arbres fruitiers et d’un bâtiment à étage peint en vert et blanc, le CTA n’est pas du tout visible pour un étranger au service qui débarque pour la première fois dans cet hôpital qui ne fonctionne que le jour. Pourtant dans ce centre, une équipe sanitaire et du personnel administratif y travaillent sans répit et en parfaite collaboration pour assurer le suivi des malades.
Crée en 1998, le centre de traitement ambulatoire est le fruit d’une volonté pluri partenariale alliant le ministère de la Santé, l’Organisation Panafricaine de lutte contre le Sida (Opals), la Croix Rouge Française (CRF) et le Rotary Club. Il reçoit également des financements de plus d’une trentaine de partenaires et joue un rôle majeur dans la prévention contre le vih sida, le dépistage, les soins et assistance des malades. Il offre sur un même site une prise en charge ambulatoire globale et complète associant les volets médicaux, psychosociaux, nutritionnels et économiques aux personnes vivant avec le vih (PVVIH). Il et également un observatoire national de l’évolution de la pandémie grâce au recueil des données centralisées par son département de recherches et d’analyses ainsi que la ligne d’écoute.
Parmi les objectifs visés par le centre figurent entre autres l’accompagnement de la décentralisation de la prise en charge de l’infection à Vih à travers les régions pour optimiser l’action de proximité et l’amélioration de la qualité de vie des malades en tenant compte de la dimension physique, psychologique et socio économique du patient. Le CTA qui est identifié par le corps médical comme une structure de référence sur le Vih assure en outre la formation et l’expertise des interventions et prises en charge. Il assure à ce titre la formation théorique et pratique des professionnels de santé et l’accompagnement de PVVIH. Ses activités s’étendent également au niveau de cinq régions : Ziguinchor, Kolda, Louga, Kaolack et Thiès. Toutes ces compétences lui permettent de se déployer par un rayonnement international en assurant des formations aux structures en phase de démarrage, répondre à des demandes d’appui dans les pays d’Afrique subsaharienne comme le Mali, la Guinée Bissau, la Mauritanie, la Guinée, le Cameroun, le Gabon et le Burundi. Sans compter les sorties dans les pays du monde : France, Belgique, Japon, etc.
CES INDICATEURS QUI PARLENT
Les chiffres rendus publics par le CTA après 12 ans d’existence ont fait état d’un bilan de 67 708 patients consultés. Parmi eux les 3740 sont suivis et pris en charge alors que 1877 sont mis sous traitement anti rétroviraux. Les statistiques ont montré également que 6,3 % des malades sont perdus de vue tandis que le taux de décès s’élève à 3 %. En ce qui concerne les préservatifs, au total 189 659 du genre masculin et 8701 du genre féminin, ont été distribués. Les sessions d’éducation nutritionnelle ont permis de former 8 404 malades dont une majorité de femmes subventionnés ensuite pour mener des activités génératrices de revenus. S’agissant du dépistage, entre 1998 à décembre 2010, c’est un total de 29 673 personnes consultées dont les 6524 cas se sont révélés positifs. Dans ce même décompte pour le titre de l’année 2010, 5367 personnes ont ainsi été dépistées dont 2951 hommes et 2416 femmes pour un total de 555 cas séropositifs décelés. Le volet communication n’est pas en reste. Le CTA info Sida accessible tous les jours de 8 heures à 20 heures au numéro 800 00 30 30 qui a enregistré 25 076 appels suivis de 12 186 entretiens pour une moyenne de 2090 sollicitations téléphoniques par mois. Le financement reçu des bailleurs de fonds et de l’Etat, a montré que le budget du fonctionnement de la structure est estimé à 35 % contre les 65 % qui sont consacrés à la prise en charge des coûts directs.
SIDA ET PREVALENCE DES GROUPES
Homosexuels et prostituées totalisent plus de 40 %
Si aujourd’hui l’Afrique Subsaharienne est considérée comme la zone la plus touchée par le VIH sida avec près de 67 % des 22, 5 millions de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) dans le monde, il reste constant que les vecteurs de transmission ne différent pas depuis l’apparition de la maladie. La transmission sexuelle (intervenant au cours de rapports homosexuels ou hétérosexuels), la transmission sanguine via la transfusion sanguine (sang ou emploi d’instruments contaminés) ou par des aiguilles et seringues contaminées (toxicomanies, TME (Transmission Mère Enfant) au cours de la grossesse, pendant l’accouchement ou au cours de l’allaitement.
Les enquêtes ont démontré que dans cette partie du continent, 90 % des cas de personnes malades ont été contaminées par voie sexuelle. Au Sénégal, même si le taux de prévalence au niveau national est toujours de 0,7%, le groupe le plus infecté est constitué par les homosexuels qui représentent 21, 8 % des cas de séropositifs. Ils sont talonnés de prés par les prostituées désignées avec pudeur par « les travailleuses du sexe » et qui se taillent qui représentent 20% des malades. Ce qui met bien en évidence les groupes dits marginaux qui sont également de grands porteurs de facteurs à risque de retransmission avec un total de 41, 6 % des personnes touchées. Autrement dit, sur 12 000 000 d’habitants environ 84 000 personnes sont touchées par la pandémie au Sénégal et les 42 000 sont constituées par les homosexuels et les prostituées. D’où la nécessité de mettre un focus en direction de ces cibles pour mieux contrecarrer la propagation du VIH.
Cheikh Tidiane MBENGUE
Sud Quotidien