Les différents acteurs du monde rural, venus de tous les coins du Sénégal, ont mis à nu les agissements des sociétés d’exploitation minière qui accaparent leurs terres, mais aussi détruisent l’environnement. Ils ont choisi la tribune de l’atelier national sur la Réforme foncière et l’accès des femmes à la terre, organisé les 28 et 29 juin derniers à Dakar par le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR), pour se prêter à cet exercice.
L’atelier national sur la Réforme foncière et l’accès des femmes à la terre, organisé les 28 et 29 juin derniers à Dakar par le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR), a été un véritable mur de lamentations pour les nombreux producteurs venus des différentes régions du Sénégal. C’était une occasion pour eux de vilipender les sociétés d’exploitation minière qui ont accaparé leurs terres et détruit leur environnement. Les nombreux témoignages ont porté sur le foncier pastoral, le foncier minier, le foncier agricole et halieutique.
DEPOSSEDE, LE NDIAEL SE BAT ET GAGNE LA PREMIERE MANCHE
Le cas du foncier pastoral est présenté par Ardo Sow, coordonnateur du Collectif pour la préservation des intérêts des populations du Ndiaël (région de Saint-Louis). L’agent d’Enda Pronat a rappelé les péripéties du scandale foncier qui a braqué les populations contre la décision de l’Etat qui a déclassé 26.650 ha de la Réserve ornithologique du Ndiaël en faveur de l’entreprise Senhuile Sa. Les 20.000 ha sont accordés à l’entreprise et les 6.650 ha sont réservés pour le recasement des villages de la localité. Cette décision de l’Etat a impacté plus de 9000 habitants des 37 villages de la zone. Econduite de Fanaye à la suite du drame issu du soulèvement du 26 octobre 2011, l’entreprise s’est réinstallée sur autorisation, du président Macky Sall, en 2012.
Selon les termes du projet du Consortium italien, l’objectif est de produire du tournesol pour le marché européen, de l’arachide pour le marché local, mais aussi des aliments pour le bétail. Mais rien n’a été fait depuis l’installation de l’entreprise qui a coupé les arbres et aménagé la terre sans pour autant la mettre en valeur. Convaincues qu’elle est incapable d’honorer ses engagements, les populations ont engagé une longue lutte, pilotée par le collectif coordonné par Ardo Sow. Au final, ils ont obtenu la restitution de 10.000 hectares, sur décision de l’Etat. A la suite du foncier pastoral, le foncier minier s’est invité aux lamentations.
SABODALA CRIE SA DETRESSE
Le cas de Sabodala est exposé par Sambou Danfa qui rappelle qu’il n’y a même pas eu d’études d’impact à l’arrivée de la société minière exploitant l’or de Kédougou. «Ils sont venus acheter toutes les terres des producteurs. Ils récupèrent les terres fertiles des paysans pour les asphyxier économiquement. Les paysans qui n’ont plus de terres ne sont pas employés par la société minière. Ils n’ont pas où cultiver et ils n’ont pas de ressources. C’est pourquoi il y a d’énormes problèmes à Sabodala. Tout récemment, il y a eu des incidents à Sabodala durant lesquels les populations ont cassé et brulé des voitures de la société», a signalé le producteur.
A l’en croire, la société minière doit aménager des couloirs pour permettre aux populations d’exploiter la terre et de s’adonner à l’extraction artisanale de l’or. Mais, il n’en est rien. Pis, il est convaincu que la société veut faire déplacer les populations. «Les populations n’ont plus de terres et le but est de les faire déplacer de Sabodala parce que le village et le cimetière contiennent des tonnes d’or. Et c’est ce que la population a refusé. Elles ont été deux fois chez le gouverneur de la région de Kédougou où la société avait voulu remettre 6 milliards F Cfa, la population avait refusé», dit-il.
Cette radicalisation des populations, révèle-t-il, fait suite à la connaissance des déboires subis préalablement par un village situé à Faloumbou où les maisons de recasement construites sans fer s’étaient déjà fissurées car, ne répondant pas aux normes de qualité. Avec plus de 1000 ménages qui doivent se partager 6 milliards, les 6 millions à recevoir par chaque famille ne peuvent pas suffire pour réparer le préjudice. Or, il y a au moins quatre à cinq sites qui partagent le sort de Sabodala. Ce sont Mako, Médina Bafé, Doutam et Kharaféna où quelqu’un est récemment venu demander aux orpailleurs de quitter les lieux car la terre lui appartenait.
«Il est en train de déguerpir toute la population. Nos amis maliens sont rentrés. Il y a d’énormes problèmes sur place. Et j’attire l’attention de la Commission à se prononcer sur les cas des sociétés minières au Sénégal», plaide-t-il. Sambou Danfa a également souhaité que l’entreprise minière les «laisse faire leur exploitation artisanale car les populations sont conscientes qu’elle ne peut les embaucher toutes».
DIOGO PERD SES CIMETIERES… POUR MDL
Dans la zone des Niayes, principalement à Mboro et à Diogo, les entreprises minières comme les Industries chimiques du Sénégal (ICS) et MDL menacent la quiétude des populations. Ndèye Fatou Ndao, représente des producteurs et productrices de la zone déclare: «ce qui nous fait le plus mal à Diogo, dans la zone des Niayes, c’est la remise en question du climat. 80% des produits maraichers issus des Niayes proviennent de la zone de Diogo. Si ce potentiel est remis en cause, cela pose problème. Or, la concession qui est cédée à l’entreprise australienne Mineral Deposits Limited (MDL) est de 44.500 hectares et s’étend sur une longueur de 106 kilomètres et jusqu’à 8 kilomètres de la côte. Ce qui fait que nous sommes tous menacés, de Kayar à Lompoul», explique-t-elle.
Avant de poursuivre: «nous ne savons pas quand nous serons déguerpis. Nos maisons sont hypothéquées. La violence s’est installée à Diogo. Il y a eu un soulèvement, des pères de famille ont été emprisonnés, etc. Récemment, Diogo a perdu ses cimetières. Ils sont en train de voir où les relocaliser. Ce qui est très dramatique». C’est l’œuvre de la Grande Cote Mining Concession (GCMC) où 7000 tonnes de sables titanifères sont traitées par heure pour produire du zircon et du quartz.
Ndèye Fatou Ndao ne s’est pas limitée à MDL, elle a également évoqué le cas des Industries chimiques du Sénégal (ICS). «Les ICS se sont installées au Sénégal bien avant les indépendances. Mais, ils ne connaissent même pas la limite de leur concession. Ils déguerpissent les populations en toutes occasions. Ils ont déjà déguerpi Mbal Diop et Mbal Ndiaye qu’ils ont commencé à exploiter», révèle-t-elle. Même si ces populations ont été recasées près de la route avec de très belles maisons, les compenses qui leur sont appliquées ne sont pas significatives car elles ne pouvant pas les nourrir au-delà d’une année. Sans terres et sans champs, ces pauvres populations font face aujourd’hui à d’énormes difficultés.
Celles de Ngade Ngomé vivent le même traumatisme, nous apprend-elle, avec l’agression des ICS qui creusent jusque près des maisons qu’elles encerclent. L’eau est polluée, les arbres déracinés et les cultures quasi impossibles. Ndèye Fatou Ndao a aussi cité l’installation des centrales d’énergie dans la zone. Une Centrale d’énergie à charbon est en train d’être construite à l’intérieur des ICS. L’accès à l’eau de ces populations est menacé car, il parait qu’elles utilisent un grand volume d’eau.
Tobène n’est pas loin et tient également sa centrale. En guise de solutions pour la survie des populations, elle a proposé le remblayage et la restitution des terres déjà exploitées par les ICS. Elle a aussi révélé que les entreprises minières paient à raison de 100.000 F Cfa par champ pour prospecter le sous sol. Le même malaise persiste encore à Wassadou qui présente un cas foncier agricole dont la responsabilité est imputable à l’Etat du Sénégal.
L’ETAT DU SENEGAL INTERPELE SUR LE CAS DE WASSADOU
L’attitude de l’Etat du Sénégal par rapport au conflit foncier qui oppose les populations de Wassadou à Gilbert Khayat est «irresponsable», de l’avis des panélistes. Le sieur Vincent, s’exprimant au nom des producteurs de bananes venus de cette localité, a sollicité l’arbitrage de l’Etat car ils ne sont plus en mesure d’assurer leur subsistance à travers l’agriculture. Depuis quelques années déjà, dit-il, le sport favori de Gilbert Khayat consiste à attendre, chaque année, l’approche de l’hivernage, pour les intimider.
El Hadj Thierno Cissé, assistant du coordonnateur du CNCR, introduit le cas de Wassadou en rappelant qu’il s’agit d’un conflit autour d’un titre foncier datant d’avant les indépendances. «C’est seulement samedi passé (le 18 juin, Ndlr) que nous avons fait une marche. J’espère que les autorités nous ont entendus. Le titre foncier de M. Khayat date des années 30. C’est plus de 3000 hectares sur lesquels habitent 14 villages. A chaque fois que l’hivernage approche, M. Khayat vient nous créer des problèmes», renseigne-t-il. Pour ensuite rappeler qu’il a même fait emprisonner leurs parents Youssou Diaw, Abdoulaye Diop et Ablaye Faye en 2014 suite à un soulèvement des populations qui s’indignaient de la destruction des manguiers des femmes par ses tracteurs.
«Nous incriminons l’Etat et non M. Khayat car, c’est l’Etat qui a déplacé les populations de l’intérieur du Parc national du Niokoloba en 1972 pour les implanter sur ces terres dont il savait que c’était un titre foncier. Donc, l’Etat est responsable de tout ce qui peut arriver car il a la responsabilité de dénouer la situation. Nous sommes devant une situation impossible car nous ne pouvons pas cultiver et nous n’avons pas de destination», dit-il.
LES PECHEURS ENTRENT DANS LA DANCE
Abdoulaye Samba, coordonnateur de La Fédération Nationale des GIE de Pêche du Sénégal (FENAGIE/Pêche), fait cas du foncier halieutique. Dans ce contexte de découverte du pétrole et du gaz dans nos côtes, il a souligné la menace qui pèse sur les exploitants halieutiques. «Quand les explorations et l’exploitation des plateformes vont démarrer, les pêcheurs vont perdre leurs zones de pêche. Alors qu’il n’est pas sûr que l’exploitation du pétrole va se faire ressentir chez les populations», prévient-il. Pour lui, il faut que l’Etat prenne les devants pour sauvegarder les intérêts des pêcheurs afin que les sénégalais puissent continuer à bénéficier des ressources halieutiques.
Dans une autre mesure, le boom touristique qui risque d’accompagner l’exploitation pétrolière va remettre en cause les intérêts des femmes transformatrices des produits halieutiques. Ces femmes risquent d’être déplacées des plages sur lesquelles elles travaillent avec leur privatisation. Autant de cas dans autant de localités à l’intérieur du pays qui sont des bombes à retardement dont l’Etat à la responsabilité de désamorcer avant explosion. Les producteurs ont ainsi interpelé la Commission nationale de la réforme foncière (CNRF) pour prendre en compte tous ces cas de dysfonctionnements fonciers.
Sud quotidien
L’atelier national sur la Réforme foncière et l’accès des femmes à la terre, organisé les 28 et 29 juin derniers à Dakar par le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR), a été un véritable mur de lamentations pour les nombreux producteurs venus des différentes régions du Sénégal. C’était une occasion pour eux de vilipender les sociétés d’exploitation minière qui ont accaparé leurs terres et détruit leur environnement. Les nombreux témoignages ont porté sur le foncier pastoral, le foncier minier, le foncier agricole et halieutique.
DEPOSSEDE, LE NDIAEL SE BAT ET GAGNE LA PREMIERE MANCHE
Le cas du foncier pastoral est présenté par Ardo Sow, coordonnateur du Collectif pour la préservation des intérêts des populations du Ndiaël (région de Saint-Louis). L’agent d’Enda Pronat a rappelé les péripéties du scandale foncier qui a braqué les populations contre la décision de l’Etat qui a déclassé 26.650 ha de la Réserve ornithologique du Ndiaël en faveur de l’entreprise Senhuile Sa. Les 20.000 ha sont accordés à l’entreprise et les 6.650 ha sont réservés pour le recasement des villages de la localité. Cette décision de l’Etat a impacté plus de 9000 habitants des 37 villages de la zone. Econduite de Fanaye à la suite du drame issu du soulèvement du 26 octobre 2011, l’entreprise s’est réinstallée sur autorisation, du président Macky Sall, en 2012.
Selon les termes du projet du Consortium italien, l’objectif est de produire du tournesol pour le marché européen, de l’arachide pour le marché local, mais aussi des aliments pour le bétail. Mais rien n’a été fait depuis l’installation de l’entreprise qui a coupé les arbres et aménagé la terre sans pour autant la mettre en valeur. Convaincues qu’elle est incapable d’honorer ses engagements, les populations ont engagé une longue lutte, pilotée par le collectif coordonné par Ardo Sow. Au final, ils ont obtenu la restitution de 10.000 hectares, sur décision de l’Etat. A la suite du foncier pastoral, le foncier minier s’est invité aux lamentations.
SABODALA CRIE SA DETRESSE
Le cas de Sabodala est exposé par Sambou Danfa qui rappelle qu’il n’y a même pas eu d’études d’impact à l’arrivée de la société minière exploitant l’or de Kédougou. «Ils sont venus acheter toutes les terres des producteurs. Ils récupèrent les terres fertiles des paysans pour les asphyxier économiquement. Les paysans qui n’ont plus de terres ne sont pas employés par la société minière. Ils n’ont pas où cultiver et ils n’ont pas de ressources. C’est pourquoi il y a d’énormes problèmes à Sabodala. Tout récemment, il y a eu des incidents à Sabodala durant lesquels les populations ont cassé et brulé des voitures de la société», a signalé le producteur.
A l’en croire, la société minière doit aménager des couloirs pour permettre aux populations d’exploiter la terre et de s’adonner à l’extraction artisanale de l’or. Mais, il n’en est rien. Pis, il est convaincu que la société veut faire déplacer les populations. «Les populations n’ont plus de terres et le but est de les faire déplacer de Sabodala parce que le village et le cimetière contiennent des tonnes d’or. Et c’est ce que la population a refusé. Elles ont été deux fois chez le gouverneur de la région de Kédougou où la société avait voulu remettre 6 milliards F Cfa, la population avait refusé», dit-il.
Cette radicalisation des populations, révèle-t-il, fait suite à la connaissance des déboires subis préalablement par un village situé à Faloumbou où les maisons de recasement construites sans fer s’étaient déjà fissurées car, ne répondant pas aux normes de qualité. Avec plus de 1000 ménages qui doivent se partager 6 milliards, les 6 millions à recevoir par chaque famille ne peuvent pas suffire pour réparer le préjudice. Or, il y a au moins quatre à cinq sites qui partagent le sort de Sabodala. Ce sont Mako, Médina Bafé, Doutam et Kharaféna où quelqu’un est récemment venu demander aux orpailleurs de quitter les lieux car la terre lui appartenait.
«Il est en train de déguerpir toute la population. Nos amis maliens sont rentrés. Il y a d’énormes problèmes sur place. Et j’attire l’attention de la Commission à se prononcer sur les cas des sociétés minières au Sénégal», plaide-t-il. Sambou Danfa a également souhaité que l’entreprise minière les «laisse faire leur exploitation artisanale car les populations sont conscientes qu’elle ne peut les embaucher toutes».
DIOGO PERD SES CIMETIERES… POUR MDL
Dans la zone des Niayes, principalement à Mboro et à Diogo, les entreprises minières comme les Industries chimiques du Sénégal (ICS) et MDL menacent la quiétude des populations. Ndèye Fatou Ndao, représente des producteurs et productrices de la zone déclare: «ce qui nous fait le plus mal à Diogo, dans la zone des Niayes, c’est la remise en question du climat. 80% des produits maraichers issus des Niayes proviennent de la zone de Diogo. Si ce potentiel est remis en cause, cela pose problème. Or, la concession qui est cédée à l’entreprise australienne Mineral Deposits Limited (MDL) est de 44.500 hectares et s’étend sur une longueur de 106 kilomètres et jusqu’à 8 kilomètres de la côte. Ce qui fait que nous sommes tous menacés, de Kayar à Lompoul», explique-t-elle.
Avant de poursuivre: «nous ne savons pas quand nous serons déguerpis. Nos maisons sont hypothéquées. La violence s’est installée à Diogo. Il y a eu un soulèvement, des pères de famille ont été emprisonnés, etc. Récemment, Diogo a perdu ses cimetières. Ils sont en train de voir où les relocaliser. Ce qui est très dramatique». C’est l’œuvre de la Grande Cote Mining Concession (GCMC) où 7000 tonnes de sables titanifères sont traitées par heure pour produire du zircon et du quartz.
Ndèye Fatou Ndao ne s’est pas limitée à MDL, elle a également évoqué le cas des Industries chimiques du Sénégal (ICS). «Les ICS se sont installées au Sénégal bien avant les indépendances. Mais, ils ne connaissent même pas la limite de leur concession. Ils déguerpissent les populations en toutes occasions. Ils ont déjà déguerpi Mbal Diop et Mbal Ndiaye qu’ils ont commencé à exploiter», révèle-t-elle. Même si ces populations ont été recasées près de la route avec de très belles maisons, les compenses qui leur sont appliquées ne sont pas significatives car elles ne pouvant pas les nourrir au-delà d’une année. Sans terres et sans champs, ces pauvres populations font face aujourd’hui à d’énormes difficultés.
Celles de Ngade Ngomé vivent le même traumatisme, nous apprend-elle, avec l’agression des ICS qui creusent jusque près des maisons qu’elles encerclent. L’eau est polluée, les arbres déracinés et les cultures quasi impossibles. Ndèye Fatou Ndao a aussi cité l’installation des centrales d’énergie dans la zone. Une Centrale d’énergie à charbon est en train d’être construite à l’intérieur des ICS. L’accès à l’eau de ces populations est menacé car, il parait qu’elles utilisent un grand volume d’eau.
Tobène n’est pas loin et tient également sa centrale. En guise de solutions pour la survie des populations, elle a proposé le remblayage et la restitution des terres déjà exploitées par les ICS. Elle a aussi révélé que les entreprises minières paient à raison de 100.000 F Cfa par champ pour prospecter le sous sol. Le même malaise persiste encore à Wassadou qui présente un cas foncier agricole dont la responsabilité est imputable à l’Etat du Sénégal.
L’ETAT DU SENEGAL INTERPELE SUR LE CAS DE WASSADOU
L’attitude de l’Etat du Sénégal par rapport au conflit foncier qui oppose les populations de Wassadou à Gilbert Khayat est «irresponsable», de l’avis des panélistes. Le sieur Vincent, s’exprimant au nom des producteurs de bananes venus de cette localité, a sollicité l’arbitrage de l’Etat car ils ne sont plus en mesure d’assurer leur subsistance à travers l’agriculture. Depuis quelques années déjà, dit-il, le sport favori de Gilbert Khayat consiste à attendre, chaque année, l’approche de l’hivernage, pour les intimider.
El Hadj Thierno Cissé, assistant du coordonnateur du CNCR, introduit le cas de Wassadou en rappelant qu’il s’agit d’un conflit autour d’un titre foncier datant d’avant les indépendances. «C’est seulement samedi passé (le 18 juin, Ndlr) que nous avons fait une marche. J’espère que les autorités nous ont entendus. Le titre foncier de M. Khayat date des années 30. C’est plus de 3000 hectares sur lesquels habitent 14 villages. A chaque fois que l’hivernage approche, M. Khayat vient nous créer des problèmes», renseigne-t-il. Pour ensuite rappeler qu’il a même fait emprisonner leurs parents Youssou Diaw, Abdoulaye Diop et Ablaye Faye en 2014 suite à un soulèvement des populations qui s’indignaient de la destruction des manguiers des femmes par ses tracteurs.
«Nous incriminons l’Etat et non M. Khayat car, c’est l’Etat qui a déplacé les populations de l’intérieur du Parc national du Niokoloba en 1972 pour les implanter sur ces terres dont il savait que c’était un titre foncier. Donc, l’Etat est responsable de tout ce qui peut arriver car il a la responsabilité de dénouer la situation. Nous sommes devant une situation impossible car nous ne pouvons pas cultiver et nous n’avons pas de destination», dit-il.
LES PECHEURS ENTRENT DANS LA DANCE
Abdoulaye Samba, coordonnateur de La Fédération Nationale des GIE de Pêche du Sénégal (FENAGIE/Pêche), fait cas du foncier halieutique. Dans ce contexte de découverte du pétrole et du gaz dans nos côtes, il a souligné la menace qui pèse sur les exploitants halieutiques. «Quand les explorations et l’exploitation des plateformes vont démarrer, les pêcheurs vont perdre leurs zones de pêche. Alors qu’il n’est pas sûr que l’exploitation du pétrole va se faire ressentir chez les populations», prévient-il. Pour lui, il faut que l’Etat prenne les devants pour sauvegarder les intérêts des pêcheurs afin que les sénégalais puissent continuer à bénéficier des ressources halieutiques.
Dans une autre mesure, le boom touristique qui risque d’accompagner l’exploitation pétrolière va remettre en cause les intérêts des femmes transformatrices des produits halieutiques. Ces femmes risquent d’être déplacées des plages sur lesquelles elles travaillent avec leur privatisation. Autant de cas dans autant de localités à l’intérieur du pays qui sont des bombes à retardement dont l’Etat à la responsabilité de désamorcer avant explosion. Les producteurs ont ainsi interpelé la Commission nationale de la réforme foncière (CNRF) pour prendre en compte tous ces cas de dysfonctionnements fonciers.
Sud quotidien