Entretien avec le vice-président Afrique de la Banque mondiale : La loupe de Makhtar Diop



Le vice-président de la Banque mondiale pour la région Afrique salue la contribution du secteur privé dans le financement de l’autoroute à péage. Considérant la réalisation de cette infrastructure comme une success story, Makhtar Diop que Le Quotidien a rencontré la veille du sommet de Dakar sur le financement des infrastructures en Afrique, annonce : «Nous essayons de voir comment reproduire l’autoroute à péage dans d’autres pays.»

Dans son dernier rapport, la Banque mondiale a revu ses projections de l’évolution économique mondiale à la baisse. Pour l’Afrique subsaharienne, les perspectives restent favorables, mais la Banque prédit une aggravation des déficits budgétaires. Comment expliquez-vous cette situation dans cette région ?


Le taux de croissance de l’Afrique subsaharienne n’a pas été révisé à la baisse de manière significative. C’est plutôt les taux de croissance des économies émergentes qui ont été revus. En Afrique et de manière générale, on a connu une bonne tenue au niveau macroéconomique de la situation avec l’inflation et les déficits qui sont contrôlés. Il y a quelques cas où nous avons eu quelques dérapages au niveau budgétaire et je crois que ce sont des questions que nous discuterons avec les pays, parce qu’il serait un peu dommage que tous les acquis, qui ont été obtenus ces dernières décennies en termes de discipline budgétaire, de réduction de déficits, soient érodés par quelques années de gestion moins rigoureuse des finances publiques. Mais ceux-là sont quelques exceptions. De manière générale, les pays se tiennent. Une des questions importantes pour les pays africains, c’est la question du financement des infrastructures pour pouvoir continuer à avoir une croissance plus élevée.

Comment doivent-ils procéder pour parvenir à booster le financement ?

Pour ce faire, il est important de voir comment le secteur privé peut-il jouer un rôle plus important. Je pense que l’autoroute à péage est un bon exemple au Sénégal. Nous essayons de voir comment le reproduire dans d’autres pays, avoir plus de Partenariat public-privé (Ppp) dans le secteur de l’énergie. Cela, nous le faisons de plus en plus au Nigeria. Je crois que ce sont des pistes que nous devons envisager dans le cadre du Plan Sénégal émergent (Pse). C’est également quelque chose que nous discutons avec les autorités sénégalaises pour voir comment on peut encore amener le secteur privé dans le financement de certaines priorités que le gouvernement s’est fixées.
Justement, en parlant du Pse, quelle est la vision de la Banque mondiale sur ce mécanisme qui a été mis en place ?
Nous pensons que nous avons été très clairs lors du Groupe consultatif qui s’est déroulé à Paris (les 24 et 25 février 2014, Ndlr). Nous pensons que c’est une vision très claire que les autorités sénégalaises ont articulée. Ce qui a non seulement convaincu la Banque mondiale, mais aussi les bailleurs de fonds et je crois que cela s’est traduit par les ressources qui ont été mises à la disposition du gouvernement du Sénégal. Dans le cadre du Pse, je crois qu’il y a une adhésion de la Communauté internationale aux objectifs de développement que le gouvernement s’est fixés et nous le soutenons.
Nous allons également continuer à soutenir le gouvernement dans ce qui est encore le plus important, c’est-à-dire la mise en œuvre de ces objectifs de politique économique, de croissance et de transformation du Sénégal en un pays émergent. Je crois que la mise en œuvre sera quelque chose de très importante. Nous sommes très satisfaits de la collaboration que nous avons avec le ministre des Finances, Amadou Ba, avec le ministre qui est chargé de la mise en œuvre du Pse, Mohammed Ndionne. Nous travaillons de manière très rapprochée avec eux et de manière très pratique pour voir quels sont les obstacles au quotidien qui s’opposent à eux, pour la mise en œuvre de ces objectifs du Pse.
Je crois qu’il y a une convergence de vues sur le fait que le secteur privé doit jouer un rôle important dans la mise en œuvre du Pse. Mais, nous devons assouplir et améliorer le climat des affaires pour attirer justement tous ces investisseurs.
Nous devons prendre des mesures au niveau de l’exécution budgétaire, dans les passations des marchés pour accélérer la mise en œuvre de ces projets. On doit aussi s’assurer que le budget à venir, que les ressources qui vont être mises à la disposition des ministères soient des ressources qui aident justement à la mise en œuvre de cette stratégie que le gouvernement a adoptée et qui a été largement soutenue par la communauté des bailleurs de fonds, lors de la réunion du Groupe consultatif.

Concernant la mobilisation des ressources qui ont été promises au Groupe consultatif, le Sénégal est à quelques milliards. Comment appréciez-vous le rythme de mobilisation de ces fonds ?

Les informations que j’ai reçues à ce jour, c’est que la mobilisation se fait à un rythme normal et qu’il n’y a pas de surprises. Nous nous sommes entretenus avec le ministre Amadou Ba à ce sujet. Il m’a assuré que la mobilisation des ressources se fait de manière tout à fait normale. Comme vous le savez, ces dégagements sont liés aux rythmes budgétaires de certains pays. Mais, je n’ai pas de problème quelconque quant à la mobilisation des ressources, du moins au niveau de la Banque mondiale. Nous sommes en train de débourser ces ressources à un rythme qui était prévu dans le cadre du Pse. Et je crois que les autres bailleurs le font au même rythme.

Avant le Sénégal, d’autres pays, notamment le Gabon, le Burkina Faso, avaient leur plan stratégique parrainé par la Banque mondiale. Est-ce qu’il y a eu des avancées dans ces pays ?

Le Burkina a un taux de croissance assez élevé. Si vous voyez le taux de croissance de ce pays, il est assez impressionnant pour un pays qui a si peu de ressources. Le Burkina fait partie des pays où le coût de production de l’électricité avoisine 45 francs le kw. Alors que c’est un pays enclavé qui, malgré tout, a réussi à avoir des taux de croissance de plus de 5%. Je crois qu’il y a une dynamique là qui est saine et qui montre que les politiques sont en train de donner leurs fruits. Je crois qu’il s’agit maintenant de voir comment accélérer au niveau de ce pays, ces taux de croissance et comment connecter le Burkina au réseau interrégional d’électricité pour qu’il bénéficie de l’électricité qui est produite du gaz ou de l’hydroélectricité à des coûts plus bas pour justement améliorer la productivité. Nous les aidons à travers des pôles de croissance dans le secteur agricole. Nous les aidons également dans le secteur des Mines.
Le Burkina est un pays qui a également des ressources minières et qui nous a demandé de l’aider à mettre en place un cadre réglementaire institutionnel qui permet d’accélérer les investissements dans le secteur minier. Donc, c’est ce genre d’actions très spécifiques que nous menons. Donc, accélérer l’intégration, réduire le coût de certains facteurs de développement particulièrement l’électricité, développer le secteur agricole et continuer à les aider dans le secteur social particulièrement à travers ce qu’on appelle des programmes de protection sociale, conditional cash transfert, qui sont expérimentés à l’heure actuelle au Sénégal également.
Au Sénégal, trois citoyens sur quatre n’ont pas accès à l’électricité. Les bailleurs demandent à ce qu’on accélère les réformes. Mais jusqu’ici les choses sont restées en l’état.
Il y a un problème plus général en Afrique. C’est que nous avons vu que certains sous-secteurs, notamment la distribution de l’électricité, n’ont pas fait autant de progrès que d’autres.
On a vu qu’au Sénégal, le secteur de l’eau, les sociétés de distribution ont réussi à augmenter de manière significative l’accès à l’eau potable et on n’a pas vu de manière générale en Afrique le même mouvement au niveau de la distribution de l’électricité. Donc, c’est une question que je demande à mes équipes de regarder de plus près, pour comprendre quels sont les facteurs qui font défaut dans le secteur de l’électricité. On n’a pas autant de sucess story dans la distribution d’électricité que dans d’autres éléments. Je crois que ce sera certainement un élément qui va être important à maîtriser, parce qu’au même moment où on augmente la production d’électricité, on réduit les coûts de production d’électricité et il serait important d’améliorer dans le temps, l’efficacité des sociétés de distribution. Sinon, tous les gains qui ont été obtenus dans la réduction, dans la génération d’électricité, la production d’électricité, seront engloutis par une mauvaise gestion, et une mauvaise efficacité de distribution. Donc vous avez tout à fait raison. Et je crois que de bonnes sociétés de distribution nous permettront d’augmenter l’accès à l’électricité en réduisant le coût de connexion par l’établissement de formules de paiement, qui sont plus adaptées au niveau de ressources des gens. En trouvant par exemple des compteurs prépayés, quelque chose comme ça. De la même manière qu’on fait avec les crédits du téléphone. Dans certains pays, on a ces compteurs, etc. Je crois que tous les initiatives de ce genre aideront. Je crois également que la gouvernance du secteur est un point essentiel pour la Banque mondiale.
Un certain nombre de projets ont été financés en Afrique. Mais, certains pays traînent un peu le pas ou ne mettent pas l’effort qu’il faut pour que les projets puissent avancer sérieusement.
Aujourd’hui, je sens personnellement une volonté très forte des chefs d’Etat d’aller vers des solutions régionales. Et je suis surpris par la franchise des discussions qu’il y a entre eux. J’étais vraiment impressionné par la qualité de leurs conversations auxquelles j’ai assisté. C’étaient des conversations franches. J’étais très impressionné par cette approche qu’ont les chefs d’Etat d’Afrique de vouloir vraiment résoudre des problèmes concrets. Je parlais tantôt à un chef d’Etat qui n’est pas de la sous-région. Je lui disais comment se fait-il que les choses ont bougé si vite dans votre sous-région en termes d’intégration régionale. Il m’a dit : «Ecoutez ! Maintenant si j’ai un problème, j’appelle mon collègue et je lui dis que la semaine prochaine, on a qu’à se retrouver dans une capitale et on règle ce dossier.»
Je vous donne un exemple. Dans le cadre de la communauté économique de l’Afrique de l’Est, Mombassa est le principal port pour les exportations de l’Ouganda. Sans investissements supplémentaires, simplement en enlevant toutes les barrières administratives, ils ont réussi à réduire la moitié des coûts de transport des conteneurs de produits, de Mombassa à Kampala. Et ça a été le fruit d’une décision que les chefs d’Etat ont prise rapidement en disant qu’il y a ce blocage de la justification, on a qu’à l’enlever. Ils ont enlevé certaines barrières. Aujourd’hui, ils sont passés de 3 000 dollars à hauteur de 1 500 dollars. A cela, si on ajoute une amélioration des infrastructures, on va faire une différence essentielle dans la compétitivité de l’Afrique.

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Commentaires articles

1.Posté par DANGBENON P. Aboudou Gafar le 19/06/2014 12:13
Bonjour,monsieur le vice président, oui pour lutter efficacement contrela pauvreté et la faim en Afrique en promouvant un développement humains et intégral, il faut également chercher à comprendre les besoins du monde rural en évitant l'implication de la tendance de politique politicienne et amener la population elle-même à identifier ce qui donne frein aux développement de chaque localité. ce qui va donné une enthousiasme à la population d'adhérer aux idéaux des processus de développement . monsieur le vide président, la faim est le signe cruel et le plus concret de la pauvreté; est ce qu'il est possible de continuer d'accepter l'opulence et le gaspillage des politiciens et celui des cadres africains, quand le drame de la faim prend des dimension toujours plus grandes en Afrique.Monsieur le vice président ,moi EL Hadj Aboudou Gafar P. DANGBENON Président de Centre de Secours pour la Promotion de la Famille, est un acteur du terrain qui travail le jour comme le jour en en concert avec la population, qui vous confirme que, seul le discoure , le détournement, la corruption, qui se trame aux dos de la population surtout les faut promesse et les rapports bidons qui sont D’outils de développement de nos cadres.c'est pourquoi je vous demande de prêter attention d'amener la population elle-même de conjuguer ses efforts vers l'initiation de travail dans la perspectif de développement à la base.car le devoir que nous devons avoir vis à vis de environnement devrait liés au devoirs que nous devons envers les personnes riches, nanties, considère en elle même devrait être les même relation envers les personnes les démunies.Car on peut exiger les uns et piétiner les autres que les cadres nommes les pauvres . c'est une grande péché, une grave antinomie de la mentalité et de la praxis actuelle qui envahissent le monde démunie qui bouleverse l’environnement et détériore la société.. Les méthodes de production alimentaire à besoins également d'étude et d'analyse attentive du rapport entre le développement humaines et le développement durable. si le monde intellectuel entiers est appelée à être consciente de ses propres obligations vis à vis du monde démunies, là serait également vrai que le devoir de d'aider et étendre les actions vers les pauvres en améliorant leurs conditions de vie entant bien collectif ?

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