POLITIQUE MIGRATOIRE DU SENEGAL ONG et ministère se crêpent le chignon

Les représentants des ONG et ceux des ministères des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur n'émettent pas sur la même longueur d'ondes sur la politique migratoire du Sénégal. La plupart des organisations de la société civile présentes hier, à la journée de restitution, organisée par Enda Diapol, à l'hôtel Ndiambour, sur la migration dans l'espace CEDEAO ont fustigé l'absence d'une politique migratoire au Sénégal. Ce qui a irrité Abdoulaye Dramé qui s'est inscrit en faux.



«Personne n’a jamais vu un document intitulé “politique migratoire du Sénégal, du Mali ou de l’Afrique“ ?», a déclaré Mignane Diouf, représentant du Forum Social sénégalais. Et d’ajouter : «mon constat et je ne suis pas le seul, c’est qu’il y a des programmes de migrations. Toutefois, ces politiques ne sont pas ficelées autour d’une politique nationale de la migration, ni une politique sous-régionale de la migration (rires)».

Et l’altermondialiste de poursuivre : «il y a beaucoup d’initiatives, de programmes, de projets qui sont déroulés par l’Etat, par des partenaires, des ONG, y compris nous. Mais, ça ne se fait pas autour d’une politique clairement définie entre l’Etat et les partenaires financiers».

«C’est ça qui explique d’ailleurs, dit-il, la cacophonie que vous constatez souvent à chaque fois qu’il y a un débat. Un agent du ministère de l’Intérieur vous dit, je suis chargé de ses questions. Le ministère de la Jeunesse, dit non, c’est moi. Le département des Affaires étrangères dit également que c’est son domaine. Sans occulter le ministère des Sénégalais de l’extérieur».

Pis, souligne M. Diouf : «au niveau de la CEDEAO, les agents arnaquent et soudoient les populations de l’Afrique de l’Ouest sur des questions sur lesquelles, ils n’ont aucun fondement ni légal, ni juridique. Il est plus facile de faire entrer un tissu Lagos ou Wax de l’Europe en Afrique que de faire passer un poisson de Joal à Bamako», regrette-t-il.

«Arrêtez de dire qu’il n’y a pas de politique migratoire au Sénégal»

Venu modérer les débats Abdoulaye Dramé, représentant des ministères des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur a tenu à marquer son étonnement avec arguments à l’appui. «Je m’étonne d’entendre une partie de la société civile parler d’absence de politique migratoire au Sénégal. Pour une raison très simple: depuis les années 80, Mme Mbaye Fall Sadio, était ministre déléguée chargée des émigrés. Ensuite le ministère a été supprimé et une direction des Sénégalais de l’extérieur mise en place avec l’actuel président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, comme ministre des Affaires étrangères», rappelle-t-il.



Et d’ajouter : «après l’Alternance en 2000, l’ex-président de République, Abdoulaye Wade a organisé un symposium entre l’Etat du Sénégal et nos compatriotes étrangers. C’était en 2001. Je faisais partie la délégation de Paris. Nous avons exposé sur les envois des émigrés. En 2003, le ministère des Sénégalais de l’extérieur a été rétabli. Mieux, on a eu des députés et des sénateurs des Sénégalais de l’extérieur. Ainsi que des membres du Conseil économique et social issus de la diaspora». «Avec tout ça, on nous dit qu’il n’y a pas de politique migratoire !», s’exclame-t-il. Et de renchérir: «c’est plus qu’étonnant ! C’est comme si les ONG ne suivaient pas ce qui se passe. Pourtant, nous les invitons à toutes les rencontres. Elles aussi, font de même depuis plusieurs années».

Mieux fait-il remarquer : «il y a même une direction sociale au sein du ministère des Sénégalais de l’extérieur. Nous avons aussi une direction de promotion de l’habitat pour les Sénégalais de l’extérieur dont je suis le directeur, avec un programme de 1000 logements en cours de construction avec 200 maisons construites, pour les associations d’Atlanta, de France, d’Italie. Nous avons un autre programme à Ziguinchor, à Bignona, à Sédhiou pour leur faciliter l’accès à la terre. Il y a le fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’extérieur».

«Malgré tout ça, on nous dit qu’il n’y a pas de politique migratoire. Il faut que ces gens là arrêtent de dire qu’il n’y a de politique migratoire !», martèle-t-il avant de rejoindre la salle.

Sud Quotidien


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