Le PROGEDE a pour objectif de contribuer à l'approvisionnement des ménages en combustibles domestiques, de manière régulière et durable, en préservant l’environnement et en offrant des possibilités élargies de choix et de confort aux consommateurs. Il comprend deux volets:
Le volet «Demande » privilégie dans sa mise en œuvre les initiatives de substitution de l’énergie ligneuse domestique par d'autres sources d'énergie tels le gaz, le gaz de pétrole lampant. Par la même occasion, elle met en oeuvre des actions d’économie à la consommation de bois et de charbon de bois. A terme, il s’agira de comprimer la demande de combustibles domestiques ligneux à un niveau compatible avec les disponibilités naturelles des formations forestières.
Le volet «Offre» a pour objectif d’assurer un approvisionnement des ménages en bois et en charbon de bois, sur la base de l’aménagement durable des formations forestières, dans une optique d’intégration des autres formes d’économie rurale (agriculture, élevage) et d’implication et de responsabilisation des populations rurales riveraines des formations forestières des régions de Tamba et de Kolda dans la gestion de ces dernières.
Le volet «Demande » privilégie dans sa mise en œuvre les initiatives de substitution de l’énergie ligneuse domestique par d'autres sources d'énergie tels le gaz, le gaz de pétrole lampant. Par la même occasion, elle met en oeuvre des actions d’économie à la consommation de bois et de charbon de bois. A terme, il s’agira de comprimer la demande de combustibles domestiques ligneux à un niveau compatible avec les disponibilités naturelles des formations forestières.
Le volet «Offre» a pour objectif d’assurer un approvisionnement des ménages en bois et en charbon de bois, sur la base de l’aménagement durable des formations forestières, dans une optique d’intégration des autres formes d’économie rurale (agriculture, élevage) et d’implication et de responsabilisation des populations rurales riveraines des formations forestières des régions de Tamba et de Kolda dans la gestion de ces dernières.
Le premier obstacle que doit surmonter le Progede dans son projet d’approvisionnement énergétique durable c’est la transformation des mentalités et habitudes. Quels sont les moyens mis en œuvre pour aplanir ces obstacles ?
Au cours du processus de conception du projet, nous avions prévu deux phases : une phase préparatoire et de soutien aux activités d’une durée de deux ans et une phase de mise en œuvre opérationnelle de cinq ans. La phase préparatoire a été mise à contribution pour d’une part mener les études diagnostiques pour caractériser l’environnement d’intervention du projet et d’autre part conduire des séances de formation et de renforcement des capacités des populations en vue de mieux les préparer et les outiller pour prendre en charge les activités du Programme. Avec la méthode MARP, le projet a procédé au diagnostic de chaque milieu dans ses zones d’intervention pour identifier les problèmes avec les populations, définir leurs priorités avec elles et voir quels sont les moyens à mettre en œuvre pour résoudre ces problèmes.
Les études diagnostiques qui ont été menés ont permis de relever un déséquilibre notoire dans la filière bois-énergie marquée par : (1) de faibles retombées dans les terroirs qui supportent l’exploitation forestière, la valeur ajoutée de la filière étant surtout distribuée entre exploitants, transporteurs et coxeurs ; (2) une faible valorisation du bois avec des redevances et des prix au consommateur en deçà de la valeur de la ressource ligneuse et l’adoption de techniques de carbonisation peu efficientes et peu économes comme la meule traditionnelle. Le programme s’est attelé à corriger ce déséquilibre en responsabilisant directement les populations dans la gestion des ressources de leur terroir et à développer des techniques de production de charbon beaucoup plus efficientes avec la meule casamance.
Pour motiver davantage les populations dans ce combat de protection et gestion des ressources forestières et garantir un approvisionnement durable en bois énergie, les populations ont souhaité développer des activités génératrices de revenus. Les populations des villages encadrés dans les deux régions ont bénéficié ainsi de formation sur les techniques de maraîchage, les techniques de transformation et de conservation des fruits et légumes, les techniques de récolte d’extraction et de conditionnement du miel. Au total prés de 50 sessions de formations sur des thèmes aussi divers ont été organisées à l’intention des populations encadrées.
A côté de cela un programme d’éducation environnementale à l’intention des élèves a été mené dans plusieurs écoles pour atteindre davantage les parents et préparer ainsi la relève de demain.
Les actions de renforcement de capacités techniques, institutionnelles et organisationnelles qui se font au profit des populations par l'entremise des comités Villageois de Gestion et de Développement (CVGD) à travers des activités de sensibilisation, de formation, et de dotation en matériel divers (de lutte contre les feux de brousse, d'exploitation forestière, de récolte et d'extraction de miel, d'allègement des travaux des femmes, de pépinière etc…) ont été déterminantes dans le changement de mentalité et la prise de conscience environnementale notée dans les zones d’intervention du projet.
Aujourd’hui des pôles de développement ont vu le jour dans les 317 villages bénéficiant du Programme dans les régions de Tamba et Kolda, avec des opportunités réelles de réduction de la pauvreté à travers l’accroissement des revenus tirés de la production de bois-énergie, de la production apicole, de l’intensification des productions agricoles et animales.
Pour la composante Gestion de la Demande énergétique également tout un programme d’information, de sensibilisation et de démonstration sur les énergies de substitution et les équipements de cuisson économes comme le gel fuel, le charbon à base de résidus agricoles, les réchauds à pétrole est mené sur l’ensemble des onze régions pour faire la promotion de ces produits.
Comment les populations accueillent-elles vos initiatives ?
Globalement, les populations sont très satisfaites des réalisations et innovations du projet. L’évaluation des performances du Programme par les bailleurs en l’occurrence la Banque Mondiale, les Pays Bas et le GEF a fait ressortir des résultats de loin supérieurs aux objectifs de départ avec : des superficies mises en aménagement de l’ordre de 378 161 ha sur un objectif initial de 300 000 ha, une production durable de bois de 300 000 t et des revenus tirés sur l’ensemble des activités estimés à 12,5 millions de dollars/an. Ces revenus qui ont un impact réel sur l’amélioration du niveau de vie des populations constituent aussi pour elles une grande source de motivation pour pleinement participer aux activités du Programme.
Comment faire en sorte que la hausse des prix des produits pétroliers ne renvoie pas les consommateurs vers des habitudes néfastes pour l’environnement ?
Le contexte mondial du secteur de l’énergie est marqué par plusieurs faits qui menacent la sécurité des importations des pays non producteurs de pétrole dont le notre. D’abord, il existe une réelle tendance à la flambée du prix des produits pétroliers. Les besoins mondiaux pour satisfaire la consommation augmentent considérablement, alors que les réserves s’amenuisent de plus en plus. L’offre de certains pays exportateurs connaît de grandes perturbations à cause de l’instabilité politique et aux conflits. Cette situation se répercute inéluctable dans l’économie des pays avec comme conséquence une augmentation du volume de dépenses pour les importations. Pour le Sénégal par exemple, la facture pour l’importation des produits pétroliers est passée de 180 milliards en 2000 à plus de 300 milliards en 2006. Cette forte dépendance extérieure rend le pays vulnérable en terme de sécurité énergétique et constitue un frein à l’accessibilité aux services énergétiques modernes et efficient d’où le recours aux formations forestières pour la satisfaction des ménages en combustibles. La conséquence est la dégradation progressive de l’Environnement et l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Cette situation impose à la communauté internationale la recherche de combustibles de substitution aux produits pétroliers. Des pays comme le Brésil, l’Inde et la Chine y sont parvenus avec le démarrage de programmes de production de biocarburant.
Au Sénégal une réflexion est en cours avec l’appui de la Coopération bilatérale avec certains Pays pour la mise en œuvre rapide de plantations de production de bioéthanol et de biodiesel comme produits de substitution à l’essence et au diesel fossile. C’est la seule voie pour garantir l’indépendance énergétique du Sénégal, promouvoir la relance du développement industriel et la satisfaction adéquate et sécurisée des ménages en électricité. Au PROGEDE nous avons pris les devants depuis 2003, en lançant des activités de plantations de Pourghère dans les régions de Tamba et de Kolda en vue de produire du biodiesel. Les premières récoltes de fruits sont entrain de se faire. Cette innovation à la base a été primée tout récemment par la Banque Mondiale pour un montant de USD150 000 lors de la tenue du Development Maket Place au mois de juin dernier à Washington DC. Ce prix permettra au PROGEDE de valoriser les plantations par l’acquisition de cinq véhicules multiservices qui seront affectés dans cinq villages cibles.
L’introduction du réchaud à pétrole en plus des réchauds à gaz aura des effets sur l’atmosphère ? Dans quelle mesure les énergies propres seront-elles privilégiées ?
Toutes les énergies de substitution au bois et charbon dont nous faisons la promotion sont des énergies propres grâce aux équipements de cuisson que nous leur proposons. Les réchauds à pétrole proposés produisent à 100% une flamme bleue et propre. Une fois le réchaud en marche, aucune fumée ne se dégage pendant toute la durée de la préparation du repas. Nous veillons à ce que les équipements proposés aux ménages soient conformes aux normes sur les émissions de gaz toxiques. Tous les produits combustibles et équipements de cuisson nouveaux sont testés au niveau du CERER (Centre d’études et de recherches sur les énergies renouvelables) une institution de l’UCAD partenaire du PROGEDE dans ce programme de promotion des énergies de substitution. Cette structure est chargée de faire les tests techniques avant de procéder à des tests au niveau des ménages.
Quelles seront les retombées environnementales et financières de vos projets ?
En 2005, l’exploitation du bois énergie dans les zones aménagées a produit en moyenne 65 millions de FCFA (USD 120 000) dont 60% sont allés aux producteurs locaux (PL), 25% aux Comité Inter villageois de Gestion et de Développement (CIVGD), 10% aux Collectivités locales (CL) et 5% aux Comités Villageois de Gestion et de Développement (CVGD).
Une production sans précédent de 30 000 kg de miel a été atteinte en fin 2005 avec l’adoption de techniques de récoltes qui ont permis de diminuer les feux de brousse, de préserver le peuplement d’abeilles et la diversité biologique et en même temps d’augmenter substantiellement les revenus des populations.
En outre, l'amélioration des infrastructures (le récurage et le fonçage des puits traditionnels, la mise en place de périmètres) ainsi que le renforcement des capacités des populations par la formation dans divers domaines ont dopé les activités génératrices de revenus (maraîchage, arboriculture, pépinière forestières) qui déjà procurent des revenus non négligeables aux populations. L’amélioration du système de production agricole et pastoral dans les massifs en aménagement a engendré ainsi des recettes totales d’environ $ 934 615 pour la même année.
Dans le domaine de l’environnement, les gains sont énormes. Outre les schémas, la rationalisation de l’exploitation forestière mis en place qui se fondent sur les possibilités des formations et non de la demande, il y a une nette tendance à la réduction de la déforestation, estimée à 40 000 ha/an et une réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 1,78 millions de tonnes de CO2/an. Ce qui est à mon avis une performance extraordinaire dans les zones d’intervention du Programme.
Quels sont les bailleurs qui sont parties prenantes au Progede ?
Le Programme de gestion durable des énergies traditionnelles et de substitution (PROGEDE) est un projet du Gouvernement du Sénégal. Il bénéficie de financements de bailleurs de fonds comme la Banque Mondiale, les Pays Bas et le Fonds mondial pour l’Environnement. Le Sénégal assure la contrepartie à hauteur de 10%.
Le PROGEDE est sous la tutelle de deux ministères : le ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature et le ministère de l’Energie et des Mines. Il a démarré en décembre 1997 pour une durée de sept ans. En 2005, le projet a bénéficié d’une rallonge de deux ans pour assurer la transition vers une nouvelle phase qui pourrait démarrer à la fin de l’année 2007.
Et quel accueil y a été généralement réservé ?
Les bailleurs de fonds sont très satisfaits des résultats du PROGEDE. Le projet est toujours cité en exemple dans les projets de la Banque Mondiale qui ont le plus réussi.
Dans la sous région, le modèle du PROGEDE est exporté et les experts du projets sont sollicités pour la mise en place dans certains pays comme par exemple la Guinée Bissau. D’autres pays comme le Bénin envoient leurs cadres pour s’inspirer de l’expérience du PROGEDE. C’est donc vous dire que le PROGEDE est une réussite pour les bailleurs de fonds.
Car au-delà de ses objectifs et cibles énergétiques, le PROGEDE est crédité d’avoir un impact significatif et quantifiable dans la lutte contre la pauvreté dans ses zones d’intervention par la conception et la mise en œuvre d’un modèle d’aménagement des ressources naturelles durable tant sur le plan économique, environnemental que social. Les schémas d’aménagement intégré et participatifs mis en œuvre par le projet ont atteint des résultats spectaculaires qui lui donne le statut de référence en gestion des ressources naturelles et de développement rural en Afrique. Ce statut lui a été d’ailleurs témoigné par le Président de la Banque Mondiale, Dr. Paul Wolfowitz qui, lors de son discours d’ouverture de la Semaine de l’Energie organisée à Washington DC du 06 au 08 mai 2006 a fait le témoignage ci-après en s’adressant aux 3000 participants « Je m’excuse d’être arrivé en retard, mais je pense que c’est un retard tolérable. J’ai été fasciné par les performances du PROGEDE du Sénégal en matière de gestion des ressources naturelles et de lutte contre la pauvreté. Je vous convie tous à visiter ce stand ».
En effet lors de cette semaine de l’Energie, seul le stand du Sénégal a eu l’honneur d’être visité par le Président de la Banque Mondiale.//
Au cours du processus de conception du projet, nous avions prévu deux phases : une phase préparatoire et de soutien aux activités d’une durée de deux ans et une phase de mise en œuvre opérationnelle de cinq ans. La phase préparatoire a été mise à contribution pour d’une part mener les études diagnostiques pour caractériser l’environnement d’intervention du projet et d’autre part conduire des séances de formation et de renforcement des capacités des populations en vue de mieux les préparer et les outiller pour prendre en charge les activités du Programme. Avec la méthode MARP, le projet a procédé au diagnostic de chaque milieu dans ses zones d’intervention pour identifier les problèmes avec les populations, définir leurs priorités avec elles et voir quels sont les moyens à mettre en œuvre pour résoudre ces problèmes.
Les études diagnostiques qui ont été menés ont permis de relever un déséquilibre notoire dans la filière bois-énergie marquée par : (1) de faibles retombées dans les terroirs qui supportent l’exploitation forestière, la valeur ajoutée de la filière étant surtout distribuée entre exploitants, transporteurs et coxeurs ; (2) une faible valorisation du bois avec des redevances et des prix au consommateur en deçà de la valeur de la ressource ligneuse et l’adoption de techniques de carbonisation peu efficientes et peu économes comme la meule traditionnelle. Le programme s’est attelé à corriger ce déséquilibre en responsabilisant directement les populations dans la gestion des ressources de leur terroir et à développer des techniques de production de charbon beaucoup plus efficientes avec la meule casamance.
Pour motiver davantage les populations dans ce combat de protection et gestion des ressources forestières et garantir un approvisionnement durable en bois énergie, les populations ont souhaité développer des activités génératrices de revenus. Les populations des villages encadrés dans les deux régions ont bénéficié ainsi de formation sur les techniques de maraîchage, les techniques de transformation et de conservation des fruits et légumes, les techniques de récolte d’extraction et de conditionnement du miel. Au total prés de 50 sessions de formations sur des thèmes aussi divers ont été organisées à l’intention des populations encadrées.
A côté de cela un programme d’éducation environnementale à l’intention des élèves a été mené dans plusieurs écoles pour atteindre davantage les parents et préparer ainsi la relève de demain.
Les actions de renforcement de capacités techniques, institutionnelles et organisationnelles qui se font au profit des populations par l'entremise des comités Villageois de Gestion et de Développement (CVGD) à travers des activités de sensibilisation, de formation, et de dotation en matériel divers (de lutte contre les feux de brousse, d'exploitation forestière, de récolte et d'extraction de miel, d'allègement des travaux des femmes, de pépinière etc…) ont été déterminantes dans le changement de mentalité et la prise de conscience environnementale notée dans les zones d’intervention du projet.
Aujourd’hui des pôles de développement ont vu le jour dans les 317 villages bénéficiant du Programme dans les régions de Tamba et Kolda, avec des opportunités réelles de réduction de la pauvreté à travers l’accroissement des revenus tirés de la production de bois-énergie, de la production apicole, de l’intensification des productions agricoles et animales.
Pour la composante Gestion de la Demande énergétique également tout un programme d’information, de sensibilisation et de démonstration sur les énergies de substitution et les équipements de cuisson économes comme le gel fuel, le charbon à base de résidus agricoles, les réchauds à pétrole est mené sur l’ensemble des onze régions pour faire la promotion de ces produits.
Comment les populations accueillent-elles vos initiatives ?
Globalement, les populations sont très satisfaites des réalisations et innovations du projet. L’évaluation des performances du Programme par les bailleurs en l’occurrence la Banque Mondiale, les Pays Bas et le GEF a fait ressortir des résultats de loin supérieurs aux objectifs de départ avec : des superficies mises en aménagement de l’ordre de 378 161 ha sur un objectif initial de 300 000 ha, une production durable de bois de 300 000 t et des revenus tirés sur l’ensemble des activités estimés à 12,5 millions de dollars/an. Ces revenus qui ont un impact réel sur l’amélioration du niveau de vie des populations constituent aussi pour elles une grande source de motivation pour pleinement participer aux activités du Programme.
Comment faire en sorte que la hausse des prix des produits pétroliers ne renvoie pas les consommateurs vers des habitudes néfastes pour l’environnement ?
Le contexte mondial du secteur de l’énergie est marqué par plusieurs faits qui menacent la sécurité des importations des pays non producteurs de pétrole dont le notre. D’abord, il existe une réelle tendance à la flambée du prix des produits pétroliers. Les besoins mondiaux pour satisfaire la consommation augmentent considérablement, alors que les réserves s’amenuisent de plus en plus. L’offre de certains pays exportateurs connaît de grandes perturbations à cause de l’instabilité politique et aux conflits. Cette situation se répercute inéluctable dans l’économie des pays avec comme conséquence une augmentation du volume de dépenses pour les importations. Pour le Sénégal par exemple, la facture pour l’importation des produits pétroliers est passée de 180 milliards en 2000 à plus de 300 milliards en 2006. Cette forte dépendance extérieure rend le pays vulnérable en terme de sécurité énergétique et constitue un frein à l’accessibilité aux services énergétiques modernes et efficient d’où le recours aux formations forestières pour la satisfaction des ménages en combustibles. La conséquence est la dégradation progressive de l’Environnement et l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Cette situation impose à la communauté internationale la recherche de combustibles de substitution aux produits pétroliers. Des pays comme le Brésil, l’Inde et la Chine y sont parvenus avec le démarrage de programmes de production de biocarburant.
Au Sénégal une réflexion est en cours avec l’appui de la Coopération bilatérale avec certains Pays pour la mise en œuvre rapide de plantations de production de bioéthanol et de biodiesel comme produits de substitution à l’essence et au diesel fossile. C’est la seule voie pour garantir l’indépendance énergétique du Sénégal, promouvoir la relance du développement industriel et la satisfaction adéquate et sécurisée des ménages en électricité. Au PROGEDE nous avons pris les devants depuis 2003, en lançant des activités de plantations de Pourghère dans les régions de Tamba et de Kolda en vue de produire du biodiesel. Les premières récoltes de fruits sont entrain de se faire. Cette innovation à la base a été primée tout récemment par la Banque Mondiale pour un montant de USD150 000 lors de la tenue du Development Maket Place au mois de juin dernier à Washington DC. Ce prix permettra au PROGEDE de valoriser les plantations par l’acquisition de cinq véhicules multiservices qui seront affectés dans cinq villages cibles.
L’introduction du réchaud à pétrole en plus des réchauds à gaz aura des effets sur l’atmosphère ? Dans quelle mesure les énergies propres seront-elles privilégiées ?
Toutes les énergies de substitution au bois et charbon dont nous faisons la promotion sont des énergies propres grâce aux équipements de cuisson que nous leur proposons. Les réchauds à pétrole proposés produisent à 100% une flamme bleue et propre. Une fois le réchaud en marche, aucune fumée ne se dégage pendant toute la durée de la préparation du repas. Nous veillons à ce que les équipements proposés aux ménages soient conformes aux normes sur les émissions de gaz toxiques. Tous les produits combustibles et équipements de cuisson nouveaux sont testés au niveau du CERER (Centre d’études et de recherches sur les énergies renouvelables) une institution de l’UCAD partenaire du PROGEDE dans ce programme de promotion des énergies de substitution. Cette structure est chargée de faire les tests techniques avant de procéder à des tests au niveau des ménages.
Quelles seront les retombées environnementales et financières de vos projets ?
En 2005, l’exploitation du bois énergie dans les zones aménagées a produit en moyenne 65 millions de FCFA (USD 120 000) dont 60% sont allés aux producteurs locaux (PL), 25% aux Comité Inter villageois de Gestion et de Développement (CIVGD), 10% aux Collectivités locales (CL) et 5% aux Comités Villageois de Gestion et de Développement (CVGD).
Une production sans précédent de 30 000 kg de miel a été atteinte en fin 2005 avec l’adoption de techniques de récoltes qui ont permis de diminuer les feux de brousse, de préserver le peuplement d’abeilles et la diversité biologique et en même temps d’augmenter substantiellement les revenus des populations.
En outre, l'amélioration des infrastructures (le récurage et le fonçage des puits traditionnels, la mise en place de périmètres) ainsi que le renforcement des capacités des populations par la formation dans divers domaines ont dopé les activités génératrices de revenus (maraîchage, arboriculture, pépinière forestières) qui déjà procurent des revenus non négligeables aux populations. L’amélioration du système de production agricole et pastoral dans les massifs en aménagement a engendré ainsi des recettes totales d’environ $ 934 615 pour la même année.
Dans le domaine de l’environnement, les gains sont énormes. Outre les schémas, la rationalisation de l’exploitation forestière mis en place qui se fondent sur les possibilités des formations et non de la demande, il y a une nette tendance à la réduction de la déforestation, estimée à 40 000 ha/an et une réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 1,78 millions de tonnes de CO2/an. Ce qui est à mon avis une performance extraordinaire dans les zones d’intervention du Programme.
Quels sont les bailleurs qui sont parties prenantes au Progede ?
Le Programme de gestion durable des énergies traditionnelles et de substitution (PROGEDE) est un projet du Gouvernement du Sénégal. Il bénéficie de financements de bailleurs de fonds comme la Banque Mondiale, les Pays Bas et le Fonds mondial pour l’Environnement. Le Sénégal assure la contrepartie à hauteur de 10%.
Le PROGEDE est sous la tutelle de deux ministères : le ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature et le ministère de l’Energie et des Mines. Il a démarré en décembre 1997 pour une durée de sept ans. En 2005, le projet a bénéficié d’une rallonge de deux ans pour assurer la transition vers une nouvelle phase qui pourrait démarrer à la fin de l’année 2007.
Et quel accueil y a été généralement réservé ?
Les bailleurs de fonds sont très satisfaits des résultats du PROGEDE. Le projet est toujours cité en exemple dans les projets de la Banque Mondiale qui ont le plus réussi.
Dans la sous région, le modèle du PROGEDE est exporté et les experts du projets sont sollicités pour la mise en place dans certains pays comme par exemple la Guinée Bissau. D’autres pays comme le Bénin envoient leurs cadres pour s’inspirer de l’expérience du PROGEDE. C’est donc vous dire que le PROGEDE est une réussite pour les bailleurs de fonds.
Car au-delà de ses objectifs et cibles énergétiques, le PROGEDE est crédité d’avoir un impact significatif et quantifiable dans la lutte contre la pauvreté dans ses zones d’intervention par la conception et la mise en œuvre d’un modèle d’aménagement des ressources naturelles durable tant sur le plan économique, environnemental que social. Les schémas d’aménagement intégré et participatifs mis en œuvre par le projet ont atteint des résultats spectaculaires qui lui donne le statut de référence en gestion des ressources naturelles et de développement rural en Afrique. Ce statut lui a été d’ailleurs témoigné par le Président de la Banque Mondiale, Dr. Paul Wolfowitz qui, lors de son discours d’ouverture de la Semaine de l’Energie organisée à Washington DC du 06 au 08 mai 2006 a fait le témoignage ci-après en s’adressant aux 3000 participants « Je m’excuse d’être arrivé en retard, mais je pense que c’est un retard tolérable. J’ai été fasciné par les performances du PROGEDE du Sénégal en matière de gestion des ressources naturelles et de lutte contre la pauvreté. Je vous convie tous à visiter ce stand ».
En effet lors de cette semaine de l’Energie, seul le stand du Sénégal a eu l’honneur d’être visité par le Président de la Banque Mondiale.//