PROGEDE:POSSIBILITE D’UTILISATION DE L’HUILE DE JATROPHA CURCAS COMME BIOCARBURANT ET DES AUTRES SOUS-PRODUITS COMME MATIERE PREMIERE

Pour résumer, les plantations de Jatropha sont caractérisées par de nombreux aspects positifs sur le plan écologique, énergétique et économique liés à l’exploitation commerciale de cette plante. Ainsi, le Sénégal pourrait tirer un énorme avantage sur cette espèce en mettant en culture toutes les terres marginales allant de la région de Louga au Ferlo. Ainsi il est possible de faire des paysans pauvres qui vivent dans ces terres de véritables barons du pétrole vert.]



Les graines de Jatropha contiennent environ 35% d’huile non comestible

jatropha
jatropha
1. Pendant des générations, les paysans sénégalais ont planté des haies de Jatropha curcas (Tabanani en wolof) pour protéger leurs champs car cette espèce n’est pas appétée par les animaux. Ses vertus médicinales sont par ailleurs bien connues en milieu rural.

2. Jatropha curcas est une plante d’origine latino-américaine qui est maintenant bien répandue dans toutes les régions tropicales arides et semi-arides du monde. Membre de la famille des Euphorbiacées, elle est une plante pérenne, résistante à la sécheresse avec une longévité de 50 ans et peut croître dans les sols pauvres. Proche parente du ricin, son huile a les mêmes propriétés médicinales.

3. Les graines de Jatropha contiennent environ 35% d’huile non comestible. La production de graines est d’environ 0,8 Kg par mètre de haie par an avec une production d’huile de 0,17 l.

4. Depuis la fin des années 30, la possibilité d’utiliser l’huile comme carburant était également reconnue. L’huile de haute qualité extraite au moyen de presses motorisées ou presses manuelles peut remplacer le gasoil avec comme avantage une teneur zéro en plomb contrairement au diesel fossile.

5. Les résidus provenant du processus de purification de l’huile peuvent être utilisés pour la fabrication à grande échelle de savon dans les zones rurales donnant ainsi aux femmes la possibilité de gagner des revenus supplémentaires et de renforcer leur position économique ; Le tourteau, autre sous-produit de l’extraction de l’huile, peut être utilisé comme aliment de bétail après élimination de la toxine qu’il contient ou comme engrais organique de haute qualité.

LUTTE CONTRE L’EROSION ET AMELIORATION DU SOL

jeune plantation de jatropha
jeune plantation de jatropha
6. Les activités liées au Jatropha ont été lancées au Sénégal par le PROGEDE sur une superficie 25 ha en 2003 et une extension sur 100 ha en 2005-2006 en collaboration avec la Banque Mondiale dans le cadre de son programme de promotion des énergies renouvelables. A partir de 2006, le PROGEDE à généraliser les plantations de Jatropha dans l’ensemble de ses parcelles maraîchères et vergers sous forme de haies vives. Ces plantations offrent déjà grandes opportunités de production de biodiésel. Cette expérience conduite dans les régions de Tamba et de Kolda a permis de stimuler quatre aspects principaux du développement, qui se combinent pour aider à assurer un niveau de vie durable aux paysans des villages bénéficiaires du programme et à la terre qui subvient à leurs besoins :

•Lutte contre l’érosion et amélioration du sol.
•Promotion des femmes.
•Contribution au développement de l’économie nationale et réduction de la pauvreté.
•Energie renouvelable.

LUTTE CONTRE L’EROSION ET AMELIORATION DU SOL
7. Les haies vivent de Jatropha empêchent non seulement l’accès des animaux aux champs mais elles luttent également contre l’érosion éolienne et hydrique. Les racines de la plante se développent tout près de la surface du sol fixant le sol comme des digues en miniature ou des mottes de terre. Ces digues ralentissent effectivement le ruissellement des eaux durant les fortes averses, qui sont courantes, permettant ainsi une grande infiltration de l’eau dans le sol et d’augmentant le rendement des récoltes.

8. Le tourteau qui reste après extraction de l’huile au moyen de presses est un engrais organique de haute qualité, qui a une composition minérale comparable à celle du fumier de poules. Ce sous-produit est donc d’une grande valeur pour l’agriculture des pays sahéliens, puisque les sols dépourvus d’humus s’appauvrissent rapidement et que les engrais coûtent chers.

PROMOTION DES FEMMES
9. Traditionnellement, les femmes rurales ont utilisé le Jatropha curcas comme médicament (les graines comme laxatif, le latex pour arrêter le saignement et lutter contre les infections, les feuilles pour traiter le paludisme) et pour produire le savon.

10. Le processus traditionnel de production de savon est une activité à très haute intensité de main d’œuvre et donne lieu à la production de petites quantités de savon de qualité relativement médiocre.

11. Lorsqu’on utilise l’huile de Jatropha seule ou en combinaison avec d’autres huiles végétales telles que le beurre de karité, on peut produire du savon raffiné en quantités appréciables. Les femmes peuvent facilement vendre ce savon dans les marchés locaux et les villes avoisinantes, augmentant ainsi leurs opportunités de gagner des revenus à partir de ressources locales.

CONTRIBUTION AU DEVELOPPEMENT DE L’ECONOMIE NATIONALE ET REDUCTION DE LA PAUVRETE

Bbumba Butare Wolfowitz Senegalese rep Van Ardenne at PROGEDE booth
Bbumba Butare Wolfowitz Senegalese rep Van Ardenne at PROGEDE booth
12. En favorisant l’utilisation intégrale des produits et sous-produits, le Jatropha peut fournir des avantages financiers directs à l’économie rurale. Pour illustrer cette réalité, nous nous référons à l’exemple ci-après qui est un processus intégré permettant d’obtenir une gamme variée de produits à partir de la graine.

•Superficie de la plantation : 1000 ha
•Densité de la plantation : 1111 plants/ha
•Production de fruits frais : 33 333 t sur les 1000 ha
•Production de fruits secs : 5000 t/an sur les 1000 ha
•Production d’huile 1750t qui peut être utilisé comme biodiesel ou comme huile comestible.
•Production de tourteau : 1600t
•Production de glycérol : 144t.
•Prix de vente actuel du diesel à la pompe : 500 000FCFA/t
•Prix de vente du tourteau : 150 000 FCFA/t
•Prix de vente du glycérol : 350 000FCFA/t.
•Recette totale (1750t X 500 000 FCFA + 1600t X 150 000 FCFA +144t X 350 000 FCFA = 1 165 400 000 FCFA/an

13. La transformation du fruit passe par les étapes suivantes : la récolte, le dépulpage, le séchage, le décorticage, le pressage, le filtrage, la détoxification de l’huile pour la consommation, la trans-estérification pour l’utilisation de l’huile comme combustible, la détoxification du tourteau comme aliment de bétail.

14. Le procédé de trans-estérification continue de l’huile provenant du fruit a été mis au point en Amérique latine avec une production d’esters de 99,5%.

15. Le méthyle-ester du Jatropha peut être mélangé dans n’importe quelle proportion avec le diesel fossile ou peut être utilisé à 100% comme produit de substitution du diesel.

16. Les résultats ci-dessus montrent les possibles opportunités économiques et financières qui peuvent être tirées de la culture du Jatropha sont très élevée si tous les dérivés du biodiesel sont valorisés.

17. Pour résumer, les plantations de Jatropha sont caractérisées par de nombreux aspects positifs sur le plan écologique, énergétique et économique liés à l’exploitation commerciale de cette plante. Ainsi, le Sénégal pourrait tirer un énorme avantage sur cette espèce en mettant en culture toutes les terres marginales allant de la région de Louga au Ferlo. Ainsi il est possible de faire des paysans pauvres qui vivent dans ces terres de véritables barons du pétrole vert.



Note technique préparée par Lt Col. Youssou Lo,
Coordinateur National du Programme de Gestion
Durable et participative des Energies Traditionnelles et de Substitution (PROGEDE)

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PROGEDE


Commentaires articles

1.Posté par RALAIZANDRY Michel le 10/01/2008 15:37
Je vous remercie énormement des informations que vous avez publieé sur ce site concernant le Jatropha Curcas.J' ai choisi spécialement comme thème l' exploitation de cette plante pour ma mémoire de maîtrise en gestion(Université de Toamasina Madagascar), et ce que je viens de lire ci-dessus constitue une importante connaissance pour moi. Si vous avez encore d' autres informations pour moi, je vous prie de l' envoyer à mon adresse mail.
Grand merci!

2.Posté par haingo le 25/03/2008 15:49
Salutations
voilà, je suis en deuxième année et en ce moment on nous demande de faire un projet.J'ai choisi la production et commercialisation de biodiesel de jatropha.pouratnat je n'ai pas eu trop d'information lui concrnant.je voulais vous demander si vous pouvez me fournir quelques infos.
En attendant votre réponse, je vou remercie déjà.

3.Posté par Pape le 25/03/2008 22:58
Bonsoir
Voici les contacts du PROGEDE
Coordinateur du Progede:Youssou LO
PROGEDE/ Direction des Eaux et Forêts
BP 1831 Dakar Sénégal
Tel: +221 859 20 51
Fax: +221 832 47 39

4.Posté par NDANDJI le 11/04/2008 18:47
Chers Messieurs,
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt cet excellent article produit par le PROGEDE sur la culture et l'exploitation du Jatropha.
J'ai bien noté la recette totale pour une plantation de 1000ha, mais ce que l'on ne relève pas c'est 1) les coûts d'exploitation des plantations
2) L'organisation pour exploiter les 1000ha, est-ce des projets communautaires? si oui quels sont les lots minimums par paysan? étant donné que c'est pour faire des paysans pauvres de véritables barons du pétrole vert.
Je souhaiterai vivement avoir un compte d'exploitation qui permette de montrer et d'attirer les paysans vers cette plante assez mal connue et dont la valorisation peut -être un début de solutions à nos pauvres conditions de vie en Afrique et également les voies et moyens pour aboutir au but recherché à savoir la contribution au développement durable..
En vous remerciant très vivement par avance pour votre prompte réponse
Recevez mes sincères encouragements.

5.Posté par Charles DASSI le 15/04/2008 13:26
Bonjour

Je me présente Charles DASSI , je suis le Directeur Général de l'Agence Polyvalence . je suis basé en Côte D'Ivoire .
Je m' interresse à la préservation de l'environnement par l'utilisation d'énergies renouvelables.
Je vous écris pour vous faire des propositions:

La Côte D'Ivoire est un pays qui regorge de diverses variétés agricoles.
Nous voulons vous informer que , si vous avez besoin de produits agricoles quelconque ou produits dérivés de matières agricoles pour vos activités , nous pouvons vous les fournir .

Je peux avoir en quantité importante de la biomasse non comestible comme: des coquilles de noix de coco, coquilles de noix de palm, du maïs, des noix de karité, du manioc etc... .

Aussi je peux disposer de plusieurs hectares de terres non encore expolitées qui peuvent être à votre disposition pour la culture de plantes comme: le JATROPHA; le JOJOBA ; Le RICIN ou autres.

Aussi si vous êtes interressé par autre chose en Côte D'Ivoire, prière de nous contacter.

Charles DASSI , Directeur Général de Polyvalence - ABIDJAN
TEL : 00225 01 18 26 26
poly_valence7@yahoo.com



Cordialement !

6.Posté par Serigne DIOP le 28/04/2008 16:40
je suis impressionné par les chiffres énoncés a propos du Jatropha ; 1.135 milliards de recette /1000Ha
Pouvons nous avoir pour fixer les idées , les depenses à consentir et le solde net , grossierement (compte d'exploitation simplifié) ; Pour inciter a la réflexion , par rapport au riz denrée rare , très bientot indisponible au senegal, le gouvernement se propose de cultiver les 240 000 ha du fleuve à raison de 6 tonnes en moyenne , soit 1,440 millions de tonnes vendu a 250 FCFA procurerait 286 milliards sans oublier les aliments de bétails, etc....+ 1.5 millions de paille de riz pour l'élevage+le son pour la volaille -700 000 tonnes a exporter car nous ne consommons que 600 000 tonnes.

En plantant sur les 240 000 ha du jatropha , les recettes totales serait de 272 milliards alors question: jatropha ou riz ; ne faut t'il pas etre prudent et voir tous les aspects d'abord ? environnement, usure des sols , etc...

7.Posté par TOURE Alkaly Ibrahima Sory le 13/07/2008 21:06
j'aimerai que vous nous indiquez les réactifs à utiliser et dans quelle proportion pour produire du biodiésel à partir de l'huile de jatropha.Ces réactifs sont -ils disponibles? Qeul est le coût de production d'un litre de Biodiesel de jatropha @+

8.Posté par ahipeaud marcel le 06/08/2008 02:36
j'aimerai savoir quel est le procédé de détoxification du tourteau de graine de jatropha.je sais que la toxicité est lié à la présence de curcine et d'acide cyanhydrique.comment les éliminer pour concevoir une utilisation alimentaire du tourteau issu de l'extraction de l'huile de jatropha.

AHIPEAUD MARCEL
00225 01217854
e-mail: info@bigmarcelo.com

9.Posté par AMAN-BROU Ehui Jacob le 14/08/2008 21:23
Bonjour et merci pour cette tribune! J'aimerais que vous présentiez un article présentant les maladies et ravageurs du Jatropha curcas, ainsi que les conditions physico-chimiques (T°C, Humidité Relative, Teneur en eau des graines) indispensables à la conservation des graines.

10.Posté par zamblé le 25/09/2008 18:31
Bonjour à toute l'équipe ,je suis à abidjan ,je m'intéresse beaucoup à la culture du jatropha ,je voudrais vous rendre visite dans vos locaux basés à abidjan .merci

11.Posté par Metisy gasy le 27/11/2008 08:49
SI c'est si formidable , Pourquoi alors la culture du Jatopha est maintenant interdite en Australie ?

12.Posté par diaby le 18/01/2009 18:55
je vs prie e bien vouloir me definir l'élimiation de la toxine du tourteau et de l'huile du jatropha d façon a le rendre comestible etle touteau par le betail.
je vs remercie de votre com^prehension.

13.Posté par Von Gunten Chiara le 22/02/2009 11:52
Bonjour,
Je suis actuellement en train de compléter un master en environnement et développement à LSE en Angleterre. Dans le cadre du travail de mémoire. je pense étudier le transfert de technologie entre pays en voie de développement en tant que dimension importante pour réaliser un développement plus durable. Dans ce contexte, je pense me pencher sur le projet du Sénégal de développer sa production de bio-diesel à base de jatropha en partenariat avec l'Inde et le Brésil.
J'ai lu que PROGEDE était impliqué dans ce projet notamment pour ce qui concerne le sud du pays.
Serait-il possible d'entrer en contact avec le M. Youssou LO par e-mail? Avez-vous des informations supplémentaires sur ce projet - genre depuis le lancement de la phase projet, les différents sites à l'heure actuelle et les partenaires brésiliens/indiens? Serait-il éventuellement possible d'organiser des interviews avec des acteurs impliqués dans ce projet?
En vous remerciant de l'attention consacrée à ce message et de votre aide, veuillez recevoir mes meilleures salutations.
Chiara Von Gunten

14.Posté par coulibaly donassongui le 25/03/2009 11:53
merci pour toutes les info. j aimerais connnaitrre les differentes varietes cultives dans la sous region et les associations culturales possible avec le jatropha.

15.Posté par Julien Smet (smet.j@fsagx.ac.be) le 31/03/2009 00:31
Bonjour,

Je suis étudiant à la faculté des sciences agronomiques de Gembloux en Belgique. Je suis en 1ere Master et je suis extrêmement intéressé par la culture de Jatropha. Je travaille actuellement sur les possibilités de mise en place de filières courtes de production et de commercialisation d’huile de Jatropha curcas pour lutter contre la pauvreté rurale en Afrique subsaharienne.

Après lecture de vos commentaires, je sens que tous ce monde est bien avide de connaissance sur le sujet et je pense que nous pourrions tous ensemble créer un Jatrophaclub...

En fait, j'écris sur ce forum en espérant recevoir des informations précises sur les techniques culturales (association avec d'autres cultures, travail de la terre lors de la mise en place de la culture, lutte contre les ravageurs, technique de récolte des fruits, dates de semis, densité de semis,...). En fait je suis en quête de références bibliographiques pour étoffer mes connaissances sur le sujet que ce soit en anglais ou en français.

Voici quelques liens qui pourront je l'espère vous être utile :

- W.M.J. Achtena, L. Verchotb, Y.J. Frankenc, E. Mathijsd, V.P. Singhe, R. Aertsa, B. Muysa, Jatropha bio-diesel production and use.

- A. BUDELMAN and F. VAN DER POL, Farming System Research and the quest for a sustainable agriculture.

- Le Manuel Jatropha par Reinhard K. Henning, baganí, Allemagne,
et Tianasoa Ramorafeno, Green Island Association, Madagascar.

- "the jatropha system" - economy & dissemination strategy by Reinhard K. Henning

- Use of jatropha curcas L. (JCL) : A household perspective and its contribution to rural employment creation by Reinhard K. Henning

Tous ces articles sont consultables en ligne gratuitement je pense. Il y a aussi le site de référence sur Jatropha ou se trouve d'ailleurs quelques un de ces articles : www.jatropha.de

Voilà ma contribution, merci d'avance pour toutes aides de votre part en rapport aux questions que j'ai posé.

Cordialement,

Julien Smet

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