AMADOU BABA SY, COORDONNATEUR NATIONAL DU PROJET D’APPUI A LA PETITE IRRIGATION LOCALE « Notre point faible est lié aux retards dans la mise en œuvre des ouvrages »



AMADOU BABA SY, COORDONNATEUR NATIONAL DU PROJET D’APPUI A LA PETITE IRRIGATION LOCALE   « Notre point faible est lié aux retards dans la mise en œuvre des ouvrages »
La crise perdure au Sénégal et les populations qui ne savent plus où se donner de la tête attendent encore de savoir quel avenir leur offre l’Etat. Dans ce contexte de marasme et de privations diverses, les voies de sortie sont rares autant dans le secteur primaire que dans le commerce. Et, le projet d’appui à la petite irrigation locale (PAPIL) qui touche trois régions du Sénégal, s’il a permis de réaliser 1100 tonnes de riz au cours de l’année 2008 et 400 tonnes de productions maraîchères, ne parvient pas atteindre les objectifs qu’il s’est fixé. Loin de se décourager, Amadou Baba Sy, coordonnateur national du programme signale que le programme continue de susciter un engouement total des populations rurales. Mais, il avertit cependant les autorités sur la persistance de certaines difficultés majeures qui risquent de causer des dysfonctionnements sur ses réalisations. Elles s’articulent autour des lourdeurs des procédures administratives des marchés de ce programme co financés par l’Etat du Sénégal et la Banque africaine de développement.

M. Le Coordonnateur, qu’est-ce qu’on peut retenir de la rencontre pour ce programme de lutte contre l’insécurité alimentaire ?

Chaque année nous faisons une évaluation avec nos partenaires locaux à travers des protocoles d’activités qui leur sont assignées dans le cadre de la mise en œuvre de ce programme de lutte contre l’insécurité alimentaire. Donc, il est normal que chaque année que nous procéderons à cette évaluation du travail réalisé pour pouvoir tirer les conclusions et apprécier les résultats ; et s’il y a des distorsions nous essayons de les corriger sur la base des activités qui leur ont été confiées par le projet d’appui à la petite irrigation locale (Papil). Ce type de rencontre nous permet de mettre l’accent sur la valorisation des cultures pluviales, d’encadrer les partenaires locaux de manière qu’ils reçoivent les bonnes pratiques agricoles afin d’améliorer leur productivité et leur rendement.

Où en est l’état de fonctionnement des ouvrages hydro agricoles ?

Les ouvrages hydroagricoles réalisés par le Papil sont utilisés actuellement dans trois régions au Sénégal. Il s’agit de Fatick où cinq digues anti-sel ont été construites ou réhabilités. Ces ouvrages ont permis de lutter efficacement contre la salinité des terres. Sans compter qu’elles ont permis de produire dans cette région jusqu’à trois tonnes à l’hectare de riz. Ce qui, auparavant n’était pas possible avec le sel. Nous avions pu créer des bassins de rétention d’eau et ceci a permis que jusqu’au mois de juin nous avons pu retenir de l’eau. Dans la région de Kolda, le programme a aussi réalisé cinq ouvrages de rétention d’eau où il y a eu des réserves. A Tambacounda également, il y a aussi des ouvrages de rétention d’eau et les partenaires locaux ont pu aussi faire des aménagements de bas fonds à Kédougou.

En définitive, notre approche est d’abord de réaliser des ouvrages et de fédérer tous les partenaires de manière à favoriser une valorisation pour une augmentation de la production agricole. Autrement dit, au titre de l’année écoulée, nous avons eu à réaliser une production de plus de 1100 tonnes de riz, 400 tonnes de productions maraichères. Ces performances n’ont pu être réalisées que dans les trois régions où nous intervenons alors qu’auparavant, ces localités ne pouvaient pas produire un sac de riz. Parce que le rendement était faible et l’eau n’était pas retenue. Ce qui fait que toute l’eau qui arrivait, filait dans la nature ; et la submersion nécessaire à la production de riz n’était pas assurée.

En dépit de vos réalisations, quelles sont les grandes difficultés que rencontre le Papil ?

Selon les conclusions de la revue à mi-parcours, les points forts sont plus largement au dessus. Le seul point faible que nous rencontrons est lié aux retards qui sont enregistrés dans la mise en œuvre des ouvrages pour assurer la valorisation. Ces retards sont dus surtout aux lourdeurs des procédures administratives des marchés. Ce qui implique la Banque africaine de développement (Bad), la partie sénégalaise et puis le processus d’approbation de ces dossiers par les deux parties ; d’où un alourdissement qui affecte considérablement le fonctionnement du programme Papil. Mais, il faut souligner que nous avons un fond de développement local qui devrait venir en appui ; malheureusement, ce fond qui devait commencer depuis l’année dernière, connaît également un retard. Tout comme l ‘approche budgétaire qu’on a choisie et qui connaît des contraintes qui sont liées à l’organisation administrative et la décentralisation du pays qui fait que tous les acteurs doivent être impliqués.

Actuellement, quel est le montant total débloqué par les partenaires de développement pour financer le Papil ?

Le projet Papil est chiffré sur un montant de 12 milliards de Fcfa alors que le fond de développement local est près d’1 milliard 500 millions de F Cfa. Il faut préciser que ce Fonds de développement local devrait financer des activités de lutte contre la pauvreté en accompagnant les populations pour qu’elles puissent avoir à leurs dispositions des cases de santé, des écoles, des puits et des forages et tout ce qui peut contribuer à lutter contre la pauvreté. Par contre, l’autre partie de l’activité, c’est le financement de la petite irrigation à travers la construction d’ouvrages hydro agricoles.

Est-ce qu’il existe des méthodes de contrôle des financements des partenaires de développement dont souvent leur gestion est décriée ?

Pour une bonne gestion de ces fonds, nous avions une procédure réalisée par un cabinet international avec le contrôle de la Bad et du gouvernement. Chaque année, nous avons un audit qui regarde les comptes et les certifie. Nous sommes comme une entreprise ; si nos comptes ne sont pas certifiés cela veut dire qu’il y a des irrégularités. Dieu merci, depuis la création du Papil, les évaluations des auditeurs nous ont été favorables.

Pouvez-vous revenir sur les productions de contre-saison que le Papil s’étend sur combien d’année ?

Quand on fait de la rétention d’eau au delà de la période hivernale, ce serait du gâchis de ne pas valoriser cette eau. C’est pourquoi dans chacune de ces régions, nous avions des ouvrages dont le temps de rétention s’étale du mois d’octobre jusqu’au mois d’avril mai juin. C’est pourquoi nous avons des programmes de contre saison pour l’agriculture. Actuellement, avec la collaboration des experts malgaches, nous allons essayer d’expérimenter un riz de contre saison avec un système d’irrigation intensive qui permet de passer de nos rendements habituels au-dessus de 10 hectares. Pour dire que le programme de contre saison fait partie globalement des activités du Papil. Ce que nous voulons, c’est que l’activité du paysan ne se limite plus à trois mois d’hivernage ; mais qu’elle soit permanente. Et, nous souhaitons aussi que les barrages que nous réalisons pour les populations, deviennent des instruments de travail. C’est pourquoi l’entretien et la formation des compétitions sont des points essentiels pour assurer la pérennisation. Quant à la durée du projet, c’est pour cinq ans. On a démarré en 2006 et on devrait finir en décembre 2010. Mais aujourd’hui, la mission vient de se rendre en compte que les activités qui ont été définies dans le programme ne peuvent pas se réaliser dans la limite temporelle. Il faut envisager une prolongation parce que si le travail n’est pas fini, qu’on puisse proroger la date d’achoppement de quelques années ; soit deux à trois ans pour permettre de consolider les acquis et de poursuivre la réalisation des ouvrages. Parce que l’engouement est réel, selon les présidents de communauté rurale qui ont montré que les populations veulent développer leurs régions et ont besoins de telles initiatives. Il est possible de tout faire dans ces régions si l’eau est disponible.

En perspective quelles sont les autres régions qui devraient bénéficier de ce programme ?

Actuellement, toutes les régions ont fait des demandes. Mais, cela dépendra du gouvernement qui seul, est habilité, à prendre la décision d’étendre le programme. Dans les autres régions, il existe des fleuves alors que dans les autres, il n’y a que cette alternative. Et ce que nous voulons, c’est de démontrer que la petite irrigation est notre seule alternative pour le développement de la région. Sur cette base, il n’y a pas de raison que ce programme ne soit étalé à toutes les régions du Sénégal, partout où il est possible de collecter de l’eau pour la valoriser auprès des populations rurales.

Est-ce que l’engouement des populations est constaté ?

Absolument, c’est un engouement extraordinaire. D’ailleurs, le rapport des auditeurs a mentionné l’engouement des populations rurales que le programme Papil a suscité. C’est le crédo de ces populations. Tout le monde en veut du Papil. C’est pourquoi nous disons que c’est un défi et que nous allons essayer de relever.

Sud Quotidien

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