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Politique - 24/11/2024
Gouvernement Barnier: 53% des Français favorables à une motion de censure
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LE PROJET
4.1 Conception et bien-fondé
4.1.1 La baisse de la pluviométrie et la salinisation des terres, alliées aux actions anthropiques (déforestation, agriculture minière, etc.) font qu'un tiers de la superficie du pays se trouve à un stade pré-désertique. La dégradation des sols et l'insuffisante maîtrise de l'eau pourraient avoir des conséquences dramatiques dans peu de temps si des actions ne sont pas entreprises à une large échelle pour remédier à cette situation. Le développement de l'irrigation, basé initialement sur l'aménagement de grands périmètres dans la vallée du fleuve Sénégal, reste aujourd'hui confronté à un certain nombre de difficultés liées notamment aux coûts d'exploitation élevés des périmètres. Tenant compte d'autres alternatives possibles, le Gouvernement a récemment opté pour la promotion d'une irrigation diversifiée, en privilégiant les petits aménagements plus facilement appropriables par les producteurs, avec une participation active des usagers tant pour la construction que pour la gestion des aménagements. C'est dans ce cadre que la maîtrise des eaux de ruissellement apparaît pouvoir se développer à l'échelon des différents terroirs, tout en s'appuyant sur le processus de responsabilisation en cours au niveau des communautés rurales. Le projet proposé entend donc supporter cette nouvelle vision et contribuer à valoriser le fort potentiel en eaux de ruissellement dans la partie centre et sud du pays, par l'intermédiaire de petites infrastructures hydro-agricoles, initiées, exécutées et gérées par les communautés.
4.1.2 L'étude réalisée sur don FAT au niveau des 3 vallées a conduit à privilégier les options techniques les plus facilement maîtrisables par les bénéficiaires et à moindre coût. Elle a également mis en évidence, à travers la démarche participative et les nombreux contacts noués sur le terrain, l'intérêt des populations et des autorités pour ce type d'aménagement, et la nécessité d'élargir le champ d'impact des interventions du projet de façon à mieux répondre aux initiatives locales. Les aménagements hydro-agricoles proposés constituent donc une réponse aux préoccupations des producteurs, largement exprimées au niveau des CR à travers les Plans locaux de développement (PLD) mis en œuvre depuis quelques années avec l'appui des bailleurs de fonds (GTZ, UE, BM, AFD, etc.) et reprises dans les Plans régionaux de développement intégré (PRDI). Ils viseront à assurer, par des techniques simples, une meilleure maîtrise des productions agricoles et à valoriser des superficies abandonnées ou faiblement exploitées. Le projet s'appuie largement sur les expériences réussies menées dans le pays ces dernières années (PSSA, PAGERNA, GADEC, etc.), tout en développant une synergie et une complémentarité avec les actions en cours ou programmées dans le domaine de la décentralisation, et en s'appuyant sur le savoir faire de partenaires professionnalisés, bien représentés sur le terrain (ANCAR, SODEFITEX, etc.). 4.1.3 Le projet entend s'inscrire dans le processus de décentralisation, et, à ce titre, prendre en compte, dans sa stratégie d'intervention, les structures locales de concertation, de programmation et de gestion, déjà en place au niveau des zones d'intervention. Les communautés rurales constitueront les maillons essentiels du projet en matière de concertation, de décision, d'exécution et de gestion.Ainsi, l'approche participative qui a été privilégiée dans le cadre de l'étude préalable sera poursuivie aussi bien dans la définition et la priorisation des actions à entreprendre que dans leur mise en œuvre. La taille et la nature des aménagements, tout comme l'intérêt croissant qu'ils suscitent au niveau des paysans, constituent un cadre d'intervention idéal pour la mise en œuvre d'une politique résolument axée sur l'implication et la participation des communautés dans le développement et la préservation de leur terroir. La structuration de la Cellule de coordination du projet, déclinée en trois antennes régionales autonomes, vise à mieux répondre aux attentes exprimées à la base, tout en assurant un suivi rapproché des différentes interventions sur le terrain, en étroite liaison avec les collectivités et services techniques déconcentrés. 4.1.4 Conscient des difficultés et écueils inhérents à la responsabilisation des acteurs locaux et des paysans souvent démunis, le projet développera un programme pragmatique et progressif de renforcement des capacités, à tous les niveaux : services déconcentrés, communautés rurales, prestataires de services, groupements, responsables de comités de gestion, etc. Une attention constante sera donnée à l'écoute, la formation et à l'accompagnement des exploitants et groupes concernés, de façon à promouvoir des actions viables et à garantir la durabilité des aménagements hydro-agricoles et pastoraux mis en place. Ce renforcement de capacités, centré sur l'auto-promotion du monde rural, vise à permettre aux différents acteurs et partenaires d'assumer pleinement les fonctions et missions qui leur sont confiées. 4.2 Zone et bénéficiaires du projet
4.2.1 Localisation et cadre physique : Le projet touche trois régions (Fatick, Kolda, Tambacounda) et huit départements. Il concerne les trois vallées ayant fait l'objet d'études préparatoires dans le cadre du don FAT (Médina Djikoye, Médina Namo et Vélingara Pakane) et a été élargi à d'autres zones présentant des potentialités intéressantes en matière d'eau de ruissellement, et partiellement identifiées par la FAO. Une carte générale localisant la zone d'intervention du projet est présentée en annexe 2. On distingue globalement trois unités correspondant aux trois régions d'intervention : (i) la zone de Fatick, au centre-est, très plate est soumise à de fortes intrusions salines par le biais des ramifications de l'estuaire du Saloum et de la Gambie, (ii) la zone du Sénégal oriental, au Sud de Tambacounda, au relief beaucoup plus marqué, et aux précipitations relativement abondantes (800 à 1300 mm), et (iii) la zone intermédiaire de Haute-Casamance, soumise au climat soudanien (pluviométrie de 800 à 1000 mm), aux potentialités assez importantes. Le taux élevé des forêts classées pour les trois régions (entre 24 et 28 %) masque les zones défrichées dues aux pratiques pionnières des populations migrantes.
4.2.2 La région de Fatick couvre une superficie de 8.675 km²; elle est subdivisée en trois départements (Fatick, Foundiougne et Gossas) et regroupe 10 arrondissements et 35 CR. La région a une superficie agricole utile estimée à 395.400 hectares ; les terres salées (tannes) représentent le tiers de la superficie régionale. Le problème de salinisation des sols est particulèrement aigu dans les départements de Foundiougne et de Fatick, et constitue un facteur très limitant pour les activités agro-sylvo-pastorales. La vallée de Djikoye se situe au sud de la région, et ses ressources en eau permanentes offrent un potentiel agro-pastoral intéressant, cependant menacé à moyen terme d'intrusions salines via le Koular Bolong, affluent de la Gambie. La région de Tambacounda occupe la partie orientale du Sénégal sur 59.600 km2. Elle compte trois départements (Tambakounda, Bakel et Kédougou) regroupant 35 CR. La zone dispose d'un réseau hydrographique dense, avec la Gambie, le Sénégal, la Falémé et leurs affluents, auxquels s'ajoutent de nombreuses mares naturelles non permanentes. La pluviométrie est parmi les plus élevées du pays (800 à 1.500 mm), mais des millions de mètres cubes d'eau sont perdus par défaut d'ouvrages de rétention. La région de Kolda couvre une superficie de 21.000 km2, et compte trois départements dont deux concernent la zone du projet : Kolda et Vélingara. Ces deux départements totalisent 23 CR. La vallée de Médina Namo à 8 km de Kolda, et celle de Vélingara Pakane à 35 km de Vélingara, sont en tête de bassins hydrographiques importants, mais présentent des écoulements non pérennes.
4.2.3 Cadre socio-économique : La zone du projet compte une population de 1,9 million d'habitants, rurale à plus de 95 %, 32 % appartenant à la région de Fatick, 41 % à la région de Kolda, et 27 % à la région de Tambacounda. Elle se caractérise par une forte proportion des jeunes de moins de 15 ans et un nombre moyen de 10 actifs par exploitation. Le taux de croissance de la population est 2,7 % par an. La pauvreté est importante, plus accentuée dans le milieu rural caractérisé par l'insuffisance des infrastructures socio-économiques, un taux d'analphabétisation de 46,4 % et un manque de planification des activités de production. Dans la zone du projet, sur 158.000 ménages, on estime à 72.000 les ménages pauvres totalisant 738.000 individus pauvres. La région de Kolda est la région la plus pauvre avec 57,8 %, suivie de celle de Fatick avec 51,2 % et Tambacounda 45,6 %. De nombreuses localités restent encore difficiles d'accès, voire inaccessibles, notamment en saison des pluies. Les conditions d'accès à l'eau potable sont très délicates. La plupart des villages ne disposent pas de points d'adduction en eau potable (89,5 % à Tambacounda, 91.7 % à Kolda, 46.9 % à Fatick), et s'approvisionne au puits villageois ou parfois au forage. Les infrastructures scolaires et sanitaires sont notoirement insuffisantes. Les besoins exprimés sont immenses et devraient bénéficier de la mise en œuvre prochaine de programmes nationaux, dont les projets PLCP et Santé II récemment financés par la Banque.
4.2.4 La superficie cultivée dans la zone du projet est d'environ 533.420 ha, ce qui représente 28,40 % des surfaces cultivées du pays. Elle est exploitée d'une manière extensive par 118.000 exploitations familiales. La taille moyenne de l'exploitation est de 4,2 ha. Les systèmes de culture sont largement dominés par le mil/sorgho et l'arachide cultivés en rotation. Le riz occupe 10,6 % dans le Kolda, 0,6 % dans le Fatick et 0,9 % dans le Tambacounda. Les principales cultures de la zone sont essentiellement pluviales à l'exception du riz de l'Anambé, appuyé par la SODAGRI, et des bas-fonds. Globalement, le potentiel en eau des trois régions apparaît peu valorisé. La filière céréalière rencontre de grosses difficultés dans l'approvisionnement en semences de qualité. Au niveau des trois régions, les productions céréalières annuelles s'établissent à 190.000 tonnes en moyenne (101.000 t de mil/sorgho, 40.000 t de riz et 49.000 t de maïs). Cette production ne couvre que 43 % des besoins estimés (440.000 t de céréales). Les cultures maraîchères occupent environ 1.400 ha et l'arboriculture fruitière près de 3.900 ha avec une concentration dans la région de Kolda. La production horticole annuelle est d'environ 10.000 tonnes. La culture du coton, encadrée par la SODEFITEX, couvre une superficie d'environ 30.000 ha. Le droit coutumier a largement régi la distribution du foncier sur les plateaux. Au niveau des bas-fonds, ce sont généralement les femmes qui exploitent de faibles superficies pour le riz et le maraîchage.
4.2.5 La zone possède aussi un important cheptel estimé à 1,39 millions de bovins et 1,36 millions d'ovins et caprins. Le système d'exploitation est traditionnel, les animaux se déplaçant à la recherche de ressources fourragères et de points d'eau. Les agriculteurs sédentaires possèdent des troupeaux d'environ 20 têtes et se déplacent à l'intérieur des terroirs villageois. Les grands troupeaux (20 à 100 têtes) sont la propriété des Peuhls, et se déplacent dans toute la zone. On enregistre ainsi dans les différentes régions le déplacement de troupeaux venus du Nord ; près de 95.000 petits ruminants et 7.000 bovins transitent ainsi dans la région de Tambacounda. Ces déplacements de bétail peuvent être à l'origine de relations conflictuelles avec les agriculteurs. Les aires de pâturages, assez étendues suffisent généralement aux besoins alimentaires de troupeaux, mais leur utilisation est limitée par l'absence de points d'eau. Les principales contraintes de l'élevage sont constituées par le manque d'infrastructures hydrauliques pastorales, les maladies du bétail et la transhumance.
4.2.6 Depuis la mise en application de la politique de libéralisation en 1990, le système de commercialisation des céréales locales est assuré par les privés. Dans la zone du projet, plusieurs acteurs interviennent dans la commercialisation des produits agricoles : (i) les détaillants qui achètent directement aux producteurs ; (ii) les grossistes, agents économiques régulièrement installés au marché et ayant comme unité de vente le sac, la caisse ou le cageot ; (iii) les « bana-banas », ou commerçants itinérants qui approvisionnent les marchés de gros ; et (iv) les transporteurs primaires qui assurent le transport des produits du champ à l'axe goudronné le plus proche où attend le collecteur « bana-bana ».
4.2.7 En matière de crédit rural, plusieurs SFD interviennent dans la zone. Avec plus de 150.000 sociétaires au niveau national, les 57 MEC organisées depuis 2000 en réseau du CMS représentent plus de la moitié de la clientèle des SFD. Le CMS est bien représenté dans la zone d'intervention du projet et bénéficie de partenariats établis avec des projets. L'ACEP est également présente avec des guichets au niveau des chefs lieux de département. En 2001, elle a octroyé 11,4 milliards de prêts dont 12 % pour l'agriculture. Les MECU de Fatick, Tamba et Kolda sont relativement récentes, et leurs activités surtout tournées vers le commerce et l'embouche. La zone de projet bénéficie également du PMIA financé par la Banque et des appuis en crédit apportés par les projets PADER Anambé et PLCP.
4.2.8 Bénéficiaires : A l'instar des autres localités du pays, l'organisation du monde rurale dans la zone du projet revêt diverses formes ; on dénombre ainsi : 1.177 sections villageoises de coopératives, 856 GIE de production, 712 GIE de prestation de service agricole, 1.277 associations villageoises de développement, 547 comités de gestion de l'eau, 2.136 groupements de promotion féminine, 619 autres groupements de producteurs, et 548 comités de gestion liés à des activités de développement. Ces différentes structures, expression de la volonté des communautés villageoises, jouent un rôle important dans la mise en place du processus de décentralisation au niveau des villages, mais se heurtent à un certain nombre de contraintes dont leurs faibles capacités de gestion et un manque de responsabilisation. Les activités de sensibilisation et d'animation sont assurées par l'ANCAR, les DRDR, les CERP, la SODEFITEX, la SODAGRI, certaines ONG, etc.
4.2.9 Les bénéficiaires du projet sont en premier lieu les 43 villages polarisés par les aménagements dans les vallées de Médina Djikoye, Médina Namo et Vélingara Pakane, soit une population estimée à plus de plus de 18.000 personnes. L'exécution du projet profitera également à quelques 4.000 familles de la région de Fatick qui bénéficieront de la récupération de terres salées et à quelques 400 éleveurs dont les troupeaux bénéficieront de meilleures conditions d'abreuvement. Dans les régions de Kolda, la réalisation de petits ouvrages de maîtrise des eaux intéressera environ 600 familles. A Tambacounda, près d'un millier de femmes du département de Kédougou pourront s'adonner à la riziculture, 10 GIE pratiqueront le maraîchage et les cultures fruitères en bordure de la Gambie, et 800 exploitations agro-pastorales profiteront d'ouvrages de stockage. Les activités agricoles concernées par le projet (riz et maraîchage pour l'essentiel) s'adressent aux femmes qui seront donc les premiers bénéficiaires des interventions.
4.3 Contexte stratégique
Le projet s'inscrit dans le cadre de la politique agricole et de la lettre de politique de développement rural décentralisé qui vise à contribuer à réduire la pauvreté en milieu rural. Il s'intègre parfaitement dans la stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) du Gouvernement qui vise à accroître les revenus et à renforcer le capital humain, et dans la stratégie de la Banque (DSP) qui a ciblé parmi les priorités la maîtrise de l'eau et les infrastructures rurales. La dégradation des terres et la vulnérabilité des exploitations familiales aux aléas climatiques imposent la mise en œuvre urgente d'actions fortes pour une meilleure valorisation des eaux de ruissellement. Un accent tout particulier est mis sur l'intégration de la démarche « petite irrigation » dans le processus de décentralisation en cours au niveau des communautés rurales. Le projet se propose d'appuyer les initiatives à la base, en matière de maîtrise des eaux de surface, exprimées dans les plans locaux de développement. Il entend sécuriser les activités agricoles et pastorales pour une plus grande sécurité alimentaire et lutter contre l'extrême pauvreté qui touche le monde rural. Le projet fournira un appui aux collectivités pour qu'elles assument pleinement leurs tâches de planification et de développement, et aux organisations paysannes pour qu'elles prennent pleinement en charge la gestion et l'entretien des infrastructures et aménagements hydrauliques.
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